Beni : l’ancien député Simon Kazungu préoccupé par la répression violente des manifestations pacifiques contre les tueries des civils

Photo ACTUALITE.CD.

Après la mort par balle à Beni ce samedi 23 novembre d’un militant de Lucha au cours de la manifestation de colère contre la résurgence des tueries des civils par des combattants d’Allied democratic forces (ADF), l’ancien député provincial du Nord-Kivu Simon Kazungu condamne l’usage des armes létales contre des manifestants pacifiques.

Il a exprimé sa vive préoccupation « par la tournure violente des manifestations de protestation légitime de la population, qui fait des victimes dans le rang des civils non armés ».

M. Kazungu qui déplore la résurgence des tueries des civils « condamne les actes de répression violente des manifestations des jeunes excédés par le silence entretenu autour des massacres qui durent plus de 5 ans, sans que l'auteur ne soit officiellement identifié ».

La police a annoncé cet après-midi, l’arrestation de deux policiers du groupe mobile d’intervention après le décès du militant Muhindo Obadi. Ce dernier participait depuis trois jours avec plusieurs dizaines de jeunes aux manifestations pour notamment dénoncer « l’inaction des casques bleus et de la Monusco » face aux attaques récurrentes des combattants ADF. 

Vendredi, les manifestants ont campé devant la base des casques bleus malawites situé au quartier Boikene (nord de la ville). Ils ont même jeté des projectiles en direction des soldats de la paix.

« Inquiet du fait que les attaques actuelles dirigées vers la MONUSCO risquent de nous faire perdre l'attention sur l'ennemi, qui opère dans un anonymat qui frise une complicité interne et externe à l'armée et au pays », indique Simon Kazungu dans une déclaration.

Les manifestations contre les nouvelles tueries ont eu lieu également à Butembo (54 km). Des étudiants et militants ont marché pendant deux jours et ont déposé un mémorandum à la mairie pour interpeller les autorités. 

Simon Kazungu demande notamment au gouvernement de « mettre en place un plan d'urgence de sécurisation des populations civiles de Beni (ville et territoire), longtemps abandonnée à son triste sort, en dépit des opérations qui ne tiennent pas compte de ses avis et considérations».

Il invite aussi les autorités à « relever de leurs fonctions et de muter les officiers militaires et bataillons suspectés par la population, pour leur lien de collaboration avec l'ennemi; de remplacer les officiers militaires sous sanctions de la communauté internationale qui constituent actuellement le motif de la non implication de la MONUSCO dans les opérations conduites par notre armée».

Plus d’une soixantaine de civils ont été tués en deux semaines dans diverses attaques attribuées aux combattants ADF dans la région de Beni.

A la population, ce notable de la région appelle à «rester vigilante, pour surveiller et alerter sur tout mouvement suspect et de dénoncer les militaires suspects, quels que soient leurs statuts (casques bleus ou FARDC), afin de les mettre hors d'état de nuire».