RDC-Burundi : des réfugiés du Sud-Kivu empruntent des routes dangereuses par la Rusizi et le lac Tanganyika

Refugiés congolais arrivant au Burundi. PH.HCR
Refugiés congolais arrivant au Burundi. PH.HCR

Des milliers de familles fuyant les violences dans l’est de la République démocratique du Congo continuent d’arriver au Burundi, ont indiqué les autorités burundaises et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Ces réfugiés, venus principalement du Sud-Kivu, traversent les marais de la rivière Rusizi ou rejoignent le Burundi par le lac Tanganyika, notamment vers Rumonge, souvent au terme de parcours jugés dangereux. Aux points d’entrée de Gatumba et d’autres localités frontalières, les arrivées massives se poursuivent, accentuant la pression humanitaire sur le pays, selon le HCR et l’Office national pour la protection des réfugiés et apatrides (ONPRA).

Les agences onusiennes ont renforcé l’enregistrement des ménages et organisé le transfert des nouveaux arrivants vers le site de Bweru, actuellement en cours de développement mais dont la capacité reste limitée. À Kasenga (Ndava), le HCR, l’ONPRA et les services du ministère burundais de la Santé ont lancé des cliniques mobiles et des campagnes de vaccination pour répondre aux besoins sanitaires urgents.

Cette crise humanitaire intervient alors que la situation sécuritaire demeure tendue dans plusieurs localités du Sud-Kivu. À Baraka, dans le territoire de Fizi, des unités des Forces armées de la RDC (FARDC) et des groupes Wazalendo sont visibles, tandis que les écoles, marchés et commerces restent fermés par crainte de pillages. Plusieurs habitants ont tenté de rejoindre le Burundi ou la Tanzanie par le port de Baraka, selon des sources locales.

Plus au nord, les FARDC et des groupes Wazalendo ont établi une position à Makobola, à environ 80 kilomètres de Baraka, une localité considérée comme un verrou face à une éventuelle progression des rebelles de l’Alliance Fleuve Congo/M23 (AFC/M23), déjà présents à Uvira.

Vendredi, le Burundi a alerté le Conseil de sécurité de l’ONU sur le risque d’une escalade régionale lors d’un briefing consacré à la MONUSCO. Son représentant permanent, Zéphyrin Maniratanga, a accusé le Rwanda d’avoir favorisé la prise d’Uvira par l’AFC/M23 en violation des accords de Washington et de la résolution 2773 du Conseil de sécurité, dénonçant des attaques transfrontalières ayant, selon lui, touché le territoire burundais.

Le diplomate burundais a appelé le Conseil à garantir l’application impartiale de ses résolutions, à renforcer la protection des civils et à soutenir une aide humanitaire d’urgence en faveur des réfugiés congolais installés notamment à Gatumba et Cibitoke. Il a également plaidé pour des mesures internationales « robustes » afin d’enrayer l’escalade en cours.

La détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC intervient malgré l’entérinement récent des accords de Washington entre Kinshasa et Kigali, censés consolider un cessez-le-feu, mais dont la mise en œuvre est désormais au cœur d’accusations mutuelles entre les deux pays.