En interne comme à l’international, des voix continuent de s’élever pour dénoncer la poursuite des offensives de la rébellion de l’AFC/M23, appuyée par le Rwanda, ayant conduit à l’occupation de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu. Parmi ces voix issues de l’environnement sociopolitique congolais figure le Conseil interreligieux congolais (CIC), cadre de concertation interconfessionnel et composante de la société civile.
À l’occasion du lancement du cadre de coordination des partenariats pour la paix et la sécurité en RDC, organisé samedi 13 décembre 2025 à Kinshasa, l’archevêque supérieur des Communautés unies du Réveil (CUR) et président du Conseil interreligieux congolais, Dodo Kamba, a déploré la poursuite de l’escalade des violences. Il a exhorté les différentes parties à honorer leurs engagements en vue du retour de la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs.
"Nous avons salué il faut le dire les accords signés à Washington entre la RDC et le Rwanda, ainsi qu’entre la RDC et les États-Unis. Nous espérions une paix durable malheureusement, nous constatons que ces actes ont repris. Nous pensons notamment à Walungu et à Uvira, où il y a encore des tueries et des occupations de territoires. Cela nous dérange énormément. À ce stade, nous appelons les acteurs et les signataires à respecter leurs engagements. Ce serait une très bonne chose. C’est ce que nous souhaitons. Nous pensons que cette voie pourrait apaiser toutes les tensions dans la sous-région et, en particulier, en République démocratique du Congo"a fait savoir l’archevêque supérieur des Communautés unies du Réveil (CUR) et président du Conseil interreligieux congolais, Dodo Kamba
Rappelant les dispositions de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies et reconnaissant le rôle des médiateurs dans la crise de la région des Grands Lacs, le président du Conseil interreligieux congolais a insisté sur la mise en œuvre effective d’un cessez-le-feu, afin de donner une chance aux initiatives de paix en cours.
"Le CIC exprime sa reconnaissance aux États-Unis, au Qatar, à l’Union africaine et à tous les acteurs qui ont contribué à cette démarche. Nous encourageons, de ce fait, toutes les parties au respect strict des engagements pris et les invitons à un cessez-le-feu permanent dans le respect de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous invitons tous les Congolais de la société civile, ainsi que les acteurs politiques de toute obédience, à accompagner la mise en œuvre de ces accords"a ajouté le président du Conseil interreligieux congolais, Dodo Kamba
Dans le même registre, cette organisation de la société civile rappelle l’urgence et la nécessité de la tenue d’un dialogue national sincère, qu’elle considère comme une exigence de sagesse et de maturité politique. Selon l’archevêque Dodo Kamba, il s’agit de l’unique voie, malgré les divergences, capable de consolider et de garantir l’unité d’un peuple longtemps meurtri depuis plus de trois décennies.
Certes, le dialogue constitue un moment de renaissance, de confiance et de résilience collective en vue de l’instauration d’une paix durable. Toutefois, Dodo Kamba évoque l’existence de préalables à remplir avant d’y parvenir.
"En ce qui concerne la RDC elle-même, à l’interne, nous estimons que le dialogue entre Congolais est une très bonne résolution mais Toutefois, nous pensons qu’il doit y avoir des préalables. Comme premier élément, il faudrait la mise en place d’une commission que nous appelons Vérité et Réconciliation. Cette commission qui fera le travail de rapprocher les différents acteurs du conflit, de leur donner l’occasion de s’amender, de réparer les torts, de décrisper le climat politique et les méfiances existantes, de rapprocher les uns des autres, mais aussi de soulager, tant soit peu, la peine des familles éprouvées qui continuent à faire leur deuil jusqu’à aujourd’hui. Nous pensons qu’à ce moment-là, une grande partie des problèmes serait déjà résolue avant même de parler de Nation et de reconstruction" a souligné l'archevêque supérieur Israël Dodo Kamba
Cette activité intervient dans un contexte où la ville d'Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, est désormais passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant davantage son influence et sa mainmise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23 vers l’espace Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.
La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés valider et encourager le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires de la RDC et du Rwanda, la situation s’est au contraire dégradée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire actuelle.
Clément MUAMBA