Aujourd'hui, 20 mars, journée internationale de la Francophonie. Célébrée dans les pays francophones, "Cette date fait référence à la naissance, le 20 mars 1970 à Niamey (Niger), de l’Agence de coopération culturelle et technique, qui allait devenir ensuite l’Organisation internationale de la Francophonie", lit-on sur le site web de cette dernière. Plusieurs activités sont prévues à travers le monde autour de la thématique "créer, innover et entreprendre en français". En République démocratique du Congo, c'est le boycott.
Au travers d'un communiqué, relayé sur le compte X du Ministère des Affaires étrangères et de la Francophonie, le Délégué général congolais à la Francophonie a annoncé, le 18 mars : " Il n'y aura pas de cérémonie officielle à l'occasion du 20 mars (...)". Pour cause, "la cérémonie du 20 mars coïncide avec une période douloureuse de la République démocratique du Congo (RDC), avec les conséquences désastreuses de la guerre que nous impose le Rwanda, dans l'Est du pays. Le coeur n'est donc pas à la fëte (...)".
Cet alibi, cousu de fil rouge, est loin de constituer une offre discursive susceptible de persuader les partenaires francophones quant à la volonté de la RDC de se promouvoir comme un grand pays francophone. Doit-on recenser les fêtes organisées au pays sans considération des tueries et autres atrocités dans l'Est ?
Osons le dire sans détours : la célébration de la journée de la Francophonie n'implique pas forcément l'organisation des activités festives, constituant - secret de polichinelle - une marque identificatoire des Congolais. Célébrer signifie aussi "marquer un évènement par une cérémonie, une démonstration". Ceci n'impose pas nécessairement d'organiser des réjouissances dont on connait les coûts au pays de papa Wemba d'heureuse mémoire.
A l'entame du second (et dernier?) mandat du Président de la République, l'heure se prête à la réflexion stratégique pour réinventer la RDC au cours des cinq prochaines années, pour redéfinir sa fonctionnalité et renforcer effectivement sa capacitation au sein de l'OIF et bien d'autres organisations internationales.
Il y va de la respectabilité du pays que de ne pas forcer la solidarité francophone sur fond de menaces à peine voilées. Posons-nous en la question: eu égard au contexte général du pays, la RDC a-t-elle intérêt de se retirer (aujourd'hui) de l'OIF ? En est-elle prête ?
L'histoire ne manque pas de nous enseigner. Laurent-Désiré Kabila avait préconisé en 1998 cette ligne diplomatique dont il avait, par la suite, pris conscience des limites.
En se focalisant à tort sur des considérations outrées du rôle de la Secrétaire générale de l'OIF, une citoyenne rwandaise, Kinshasa risque de se compromettre en battant de l'aile dans une confusion éloquente, au-dela de l'identité des personnages, du cadre et de l'impact de leurs actions.
A qui profite vraiment ce boycott de la journée internationale de la Francophonie par la RDC? Une évidence: Kinshasa n'en tire point de gain.
TL