Caricature : le porte-parole de l’armée suspendu après des propos jugés stigmatisants

Caricature Kash/ACTUALITE.CD
Caricature Kash/ACTUALITE.CD

Le général-major Sylvain Ekenge, porte-parole des Forces armées de la RDC (FARDC), a été suspendu de ses fonctions après des propos tenus le 27 décembre à la télévision nationale. Il y évoquait une supposée stratégie d’infiltration du Rwanda en RDC, passant notamment par des relations familiales ou matrimoniales, en ciblant explicitement les femmes de la communauté tutsi. Ces déclarations, jugées stigmatisantes et discriminatoires, ont provoqué une vive polémique dans un contexte déjà marqué par le conflit avec l’AFC/M23 soutenu par Kigali dans l’est du pays.

Face à l’ampleur des réactions, l’état-major général des FARDC a rapidement condamné ces propos, les qualifiant d’incompatibles avec les valeurs républicaines et les missions constitutionnelles de l’armée. Il a précisé qu’ils ne reflétaient ni la position officielle de la RDC, ni celle du président Félix Tshisekedi, ni celle du gouvernement. En plus de la suspension du général Ekenge, le journaliste et directeur ad intérim des informations de la RTNC, Oscar Mbal Kahji, a également été suspendu pour avoir laissé ces propos être diffusés à l’antenne.

L’affaire a suscité de nombreuses réactions nationales et internationales. En RDC, des responsables politiques, des acteurs économiques issus de la communauté visée, ainsi que des mouvements citoyens comme Lucha, ont dénoncé ces déclarations et exigé des sanctions. À l’étranger, les autorités rwandaises ont parlé d’une menace grave pour la paix régionale, tandis que la Belgique, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, s’est dite profondément choquée, appelant au rejet de tout discours de haine.

Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Justicia Asbl, ont qualifié ces propos de haine tribale et demandé l’ouverture de poursuites judiciaires, ainsi que des sanctions contre la chaîne publique. Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege a également condamné fermement ces déclarations, appelant à éviter tout discours discriminatoire visant une ethnie ou un genre. Il a insisté sur la nécessité de préserver la cohésion nationale et régionale, soulignant que la lutte contre les injustices ne doit jamais justifier la propagation de la haine.