RDC-M23 : calvaire de nouveaux déplacés ayant fui les affrontements en cours dans le Masisi 

Le site des déplacés de Bulengo
Le site des déplacés de Bulengo

Après une petite accalmie, de nouveaux combats ont été signalés le matin de ce vendredi, 16 février 2024, dans la localité de Kiluku, groupement Mufuni Shanga, près de Shasha, dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu). Selon la société civile locale, les jeunes patriotes Wazalendo tentent de déloger le M23 sur quelques collines surplombant cette localité. Sur d'autres lignes des fronts, notamment à Sake, une relative accalmie y est observée mais les belligérants se regardent en chats et souris. La situation demeure toutefois imprévisible, après les bombardements menés jeudi après-midi par les FARDC sur des positions du M23, localisées sur des collines surplombant la cité de Sake, à une vingtaine de Km de Goma. 

Des milliers des déplacés ayant fui les récents combats entre les FARDC, appuyés par les Wazalendo et les rebelles du M23/RDF dans les régions de Sake et de Shasha vivent dans la précarité à Goma et tout autour de la ville. Nombreux d'entre eux passent nuit à la belle étoile suite au manque des bâches pour se construire des abris de fortune.

De nouveaux camps des déplacés se sont créés tout autour de Goma, notamment à l’entrée de Bulengo et de Lushagala, à l’ouest de la ville. Ceux existant avant étant déjà saturés.  Les occupants de ces nouveaux sites des déplacés manquent de tout. Ils n'ont ni bâches, pour se construire des abris de fortune, ni l'eau et ni la nourriture, encore moins l’accès aux soins de santé. 

« Nous n'avons absolument rien. Je dors ici dehors, à même le sol avec mes enfants. Je ne sais comment les nourrir. La guerre est une mauvaise chose en tout cas », témoigne une mère rencontrée à Mugunga avec ses cinq enfants. 

« Nous passons nuit dehors. Nous avons laissé nos habitations. Les dirigeants dorment calmement dans leurs maisons et nous laissent souffrir comme ça. C’est inadmissible. J'ai dû vendre ma chèvre à bas prix pour me procurer cette bâche. Je dois rapidement me construire un abri. Mais, nous n'avons pas d'eau, encore moins de nourriture. Nous craignons la résurgence des maladies suite à la promiscuité », témoigne ce père de famille, également déplacé, trouvé à l’entrée du camp de Lushagala. 

Certains déplacés, éleveurs s'adonnent à la vente de leur bétail en vue de subvenir à leurs besoins vitaux. Un marché de fortune s'est créé à l'endroit communément appelé Ki machini, où les déplacés vendent leurs chèvres à bas prix. 

« Nos chèvres sont volées. On est obligé de les vendre à vil prix aux habitants de Goma. Les acheteurs nous imposent le prix. Au lieu de 50 voire 60$, ils nous proposent entre 15 et 20$ par chèvre et on n’a pas le choix parce qu'il faut voir comment survivre dans ce camp », témoigne, larmes aux yeux,  cette autre femme qui ne sait à quel saint se vouer. 

Au cours de ces dernières 48 heures, certains déplacés bravent la peur et se rendent à Sake pour s’approvisionner en nourriture et plusieurs autres biens de première nécessité. 

« Il y en a, malheureusement, qui trouvent leurs habitations déjà détruites et des biens pillés. Ils invitent les dirigeants à tout faire pour mettre fin à cette guerre d’agression que subit la RDC de la part de son voisin, le Rwanda », recommande Olivier Byamungu, acteur de la société civile de Sake.

Le gouvernement continue de rassurer la population au sujet de la détermination de l’armée à protéger Sake et Goma et à libérer toutes les zones occupées par le M23 depuis deux ans.

Jonathan Kombi, à Goma