Au centre du programme de démobilisation, désarmement, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRCS), antenne de Beni, Jonathan Kavunga, d'une stature modeste d'1m70, se tient droit, le regard déterminé, aligné avec une vingtaine d'autres miliciens. Originaire de la région, il a été durant quatre années, une figure active de la milice maï maï Yira, omniprésente dans le secteur de Ruwenzori. Mais ce lundi 28 août représente un tournant. Vingt-cinq d'entre eux ont choisi de déposer les armes, aspirant à un futur plus paisible pour Beni, région ébranlée depuis près d'une décennie par les massacres des civils 1.
« Aujourd’hui, nous laissons derrière nous ce passé tumultueux en réponse à l’appel du président de la République. Nous implorons nos familles de nous accueillir, non comme des bannis, mais comme des fils revenus du front », exprime Jonathan avec conviction.
L'identité des véritables agresseurs de Beni est source de discorde. Les massacres incessants des civils, les incendies de véhicules et de maisons, bien que souvent imputés aux milices locales, sont en réalité, d'après certains, l'œuvre des rebelles ougandais d’Allied Democratic Forces (ADF). « Chaque fois que les ADF sèment la terreur, c'est nous qu'on accuse. C'est pour cette raison que je convie tous mes camarades miliciens à quitter la brousse. Que l'ennemi réel se dévoile », insiste Jonathan, qui appelle également l'armée à renforcer la traque des ADF.
Ces miliciens, venant de différents horizons - maï maï Yira, FPP, UPLC, Kilalo ou encore Kyandenga – semblent éreintés. Beaucoup portent encore les stigmates de la guerre, vêtus de leurs tricots pour se prémunir des intempéries.
« Une fois cette étape franchie, nous les conduirons à Mambangu pour entamer le processus de désarmement. Ils seront ensuite acheminés vers le centre de démobilisation ici à Beni », déclare Omar Kavota, responsable du PDDRCS antenne de Beni . Pour lui, la reddition massive actuelle découle des récentes discussions avec les leaders des groupes armés et divers acteurs locaux.
Un point demeure néanmoins clair pour Omar Kavota : l'intégration de ces groupes démobilisés au sein de l'armée n'est pas à l'ordre du jour.
Yassin Kombi, depuis Beni