Il est 9 heures du matin dans la zone de santé de Kamina, capitale provinciale du Haut-Lomami. Des mères, leurs bébés à la main, assiègent le centre de santé de Katuba, qui sert de site de vaccination pour ceux qui se présentent à leur rendez-vous de vaccination.
Maria, 18 mois, vient juste d’être vaccinée. " C'est la deuxième fois que je viens faire vacciner ma fille, un mois et demi après sa naissance", explique Wesha, sa mère, dans un sourire. "C'était ma priorité ce matin, avant de partir pour mes activités professionnelles », ajoute-t-elle en installant sa fille sur son dos.
A l'entrée de la salle, à gauche, se trouve Julie, l'infirmière titulaire du centre de santé. Elle vaccine en moyenne 40 enfants par semaine, chaque mardi et jeudi. Elle discute avec une dizaine de mères, qui attendent avec leurs bébés.
« Nous commençons par une séance de sensibilisation avec les mamans », explique Julie. « Nous parlons des avantages du vaccin que nous administrons aux enfants, nous leur faisons savoir qu'elles doivent respecter le rendez-vous que nous leur donnons pour le prochain vaccin. Et c'est une bonne ambiance !", dit-elle.
Les provinces du Tanganyika et du Haut-Lomami ont signé un protocole d'accord en 2018 avec la Fondation Bill et Melinda Gates, rejointes par la province du Lualaba en 2021, pour améliorer les performances du programme de vaccination de routine. L'objectif est d'atteindre une couverture vaccinale de 80% et de stopper la transmission de la poliomyélite et des autres maladies évitables par la vaccination.
Un pari gagnant pour le Haut-Lomami, dont la couverture vaccinale dépasse largement l'objectif fixé, avec près de 90% de ses enfants vaccinés.
« Nous suivons chaque indicateur » détaille le docteur Patrick Banza, chef de la division provinciale de la santé du Haut-Lomami. « Nous évaluons un plan de relance pour en mesurer les forces et les faiblesses. Nous engageons les communautés à être sensibilisées et tenons des réunions régulières avec les 16 zones de santé et les acteurs étatiques, présidées par le ministre de la Santé qui donne l'impulsion et renforce notre engagement ».
L'implication des autorités, un atout sur la performance.
La contribution financière du gouvernement provincial aux efforts de vaccination, à hauteur de 25% des montants nécessaires, a largement contribué à l’atteinte de ces résultats, remarquables. Mais rien n’aurait été possible sans la participation des communautés, pleinement engagées et convaincues du rôle que joue le vaccin pour la croissance et l'avenir de chaque enfant.
« Nous faisons de réels progrès et nous ne baisserons pas les bras jusqu'à ce que nous ayons le meilleur score possible en nombre d'enfants vaccinés », assure le Dr Banza.
Avant la signature du protocole d'accord entre la Fondation Bill et Melinda Gates et le consortium de partenaires - dont PATH, l’Alliance du vaccin (GAVI) et Village Rich -, la province présentait une couverture vaccinale faible, avec un tiers de la population cible non vaccinée et près de 20% des enfants de 0 à 23 mois n'ayant jamais reçu de vaccins.
« C’est un véritable succès : la combinaison de partenaires de qualité et d’un fort engagement des autorités des parlementaires et des communautés, nous avons pu faire décoller la vaccination de routine dans notre province », se félicite Jean Tayari Kiswabantu, ministre provincial de la Santé.
Grâce aux protocoles d'accord sur la vaccination de routine, le Tanganyika, le Haut-Lomami et le Lualaba ont désormais les moyens de renforcer leurs systèmes de vaccination – et plus largement de santé - et de mesurer les résultats atteints, en toute autonomie. Ils pourraient être étendus à d'autres provinces dans les mois qui viennent.
Yves Ndjadi Lopongo, Responsable communication PATH-RDC