Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a, à l’ouverture de la 12ème conférence diplomatique samedi dernier à Kinshasa, fustigé le comportement des pays voisins de la RDC qui servent d’appui aux forces négatives en RDC. Prêchant la paix et l’unité dans la sous région, le Chef de l’Etat a réitéré le vœu de la RDC de s’ouvrir au monde extérieur.
« S'ouvrir au monde, revient tout d'abord à vivre en paix et en sécurité avec ses voisins, ceux qui partagent avec vous la vie au quotidien et même le sang, car il n'est sans ignorer que toute politique extérieure d'un État est transcendée par des considérations d'ordre géographique. À ce sujet, il me semble, à l'évidence, impensable de croire qu'un pays de la Sous-Région des Grands Lacs peut prospérer dans la paix et dans la sécurité et se stabiliser durablement tant que son voisin est en ébullition et surtout si ce pays sert de base-arrière à des groupes armés ou encore, en devient le parrain. La sagesse africaine nous enseigne que lorsque la case du voisin brûle, on ne peut rester indifférent. On l'assiste pour éteindre le feu au risque d'être soi-même atteint par les flammes. Ni la République Démocratique du Congo, ni ses voisins ne redessineront au grand jamais la carte du monde, ce qui, par conséquent, nous condamne à vivre ensemble pour l'éternité », a déclaré Félix Tshisekedi dans son discours.
Et de poursuivre :
« Pour la petite histoire, il est tout de même incompréhensible que ceux qui de l'autre rive de la Méditerranée et d'outre Atlantique ne s'appellent jamais frères, soient plus solidaires entre eux que nous autres, africains, qui aimons nous appeler affectueusement frères. C'est pourquoi, je suis profondément convaincu qu'il est un devoir sacré de chaque État de notre Sous-Région d'éviter tout acte générateur de tensions et de conflits avec les autres ou, à tout le moins, d'en minimiser le risque. En tout cas, il est irréaliste et improductif, voire suicidaire pour un pays de notre Sous-Région de penser qu'il tirerait toujours des dividendes en entretenant des conflits ou des tensions avec ses voisins ».
M. Tshisekedi a affirmé s’employer « sans naïveté ni faiblesse et avec beaucoup de lucidité » pour restaurer la confiance dans les « relations avec les voisins ainsi que pour le développement d’une coopération multisectorielle bénéfique à nos peuples respectifs par la conclusion des accords bilatéraux et multilatéraux, la réalisation des projets d'intérêt commun et les concertations régulières entre nos gouvernements ».
« C'est dans cette optique que nous sommes actuellement en négociation pour intégrer la Communauté de l'Afrique de l'Est dont la majorité des membres sont frontaliers à notre pays et entretiennent d'intenses échanges commerciaux avec nous », a-t-il ajouté.
Cette conférence diplomatique intervient au lendemain du sommet sur l’évaluation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba sur la sécurité en RDC et dans la sous-région. Le sommet a regroupé sept chefs d’Etat à Kinshasa. L'Accord-cadre signé le 24 février 2013 dans la capitale éthiopienne interdit notamment aux Etats de s’ingérer dans les affaires internes des pays voisins ou de soutenir les groupes armés pour déstabiliser les Etats voisins.
La RDC est en proie à l’insécurité dans sa partie orientale depuis des dizaines d’années. Des groupes rebelles nationaux et étrangers sont signalés dans cette zone. Ces derniers, avec l’aide notamment de l’extérieur, sont auteurs des tueries et massacres des civils causant des déplacements massifs des populations. Mi 2021, le Président Tshisekedi a instauré l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, deux entités les plus touchées par des opérations des miliciens.
La conférence diplomatique va se clôturer ce lundi 28 février. Des recommandations sont attendues afin d’adapter l’appareil diplomatique congolais aux grandes mutations du monde et de le réorienter vers des objectifs de développement, comme l’entend le programme d’actions du gouvernement.
Fonseca MANSIANGA