5 ans du décès d’Etienne Tshisekedi : « il s’est battu une bonne partie de sa vie pour la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays qui, du reste, peine à arriver » (société civile)

Photo ACTUALITE.CD

1er février 2017 – 1er février 2022, voilà 5 ans jour pour jour depuis le décès d’Etienne Tshisekedi, plusieurs fois Premier ministre en RDC, candidat malheureux aux élections de 2011 et fondateur de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti au pouvoir au pays depuis janvier 2019.

A l’occasion de la commémoration de ses 5 ans dans l’au-delà, des réactions fusent de partout. Plusieurs cadres de l’UDPS se sont souvenus de celui qui a été surnommé le sphinx. Il en est de même de quelques figures au sein de l’opposition parmi lesquelles Martin Fayulu, qui lui ont aussi rendu hommage.

Approchés par ACTUALITE.CD, les acteurs de la société civile se sont aussi rappelés du combat mené par Etienne Tshisekedi pour la démocratie en RDC.

« Ce que je retiens du combat de Monsieur Étienne Tshisekedi, c’est cet engagement sur l’ancrage et la construction d’un État de droit au cœur de l’Afrique. Il avait la culture du respect des textes. C’est quand même un testament qu’il a laissé à la communauté nationale mais aussi l’auto-prise en charge de la population pour braver la peur (…). Ce courage exceptionnel, nous devons le reconnaître à Etienne Tshisekedi, qui s’est battu presqu’une bonne partie de sa vie pour la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays qui peine à arriver du reste », a dit, à ACTUALITE.CD, Jonas Tshiombela, coordinateur de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC).

Pour Dieudonné Mushagalusa, coordonnateur national du panel des experts de la société civile, Etienne Tshisekedi a mené plusieurs combats pour la démocratie en RDC. Il dit retenir principalement quatre leçons du père de l’actuel président de la République : la liberté d’expression, la liberté de manifestation, la bonne gouvernance ainsi que la stabilité économique.

« Ce qu’il faut retenir d’Etienne et son combat pour la démocratie en RDC, c’est tout un livre. D’abord le fait d’avoir brisé le silence pour écrire avec ses collègues la lettre ouverte à Mobutu à l’époque dans une dictature indestructible. C’était déjà ça, ce courage de dire des choses en face par rapport à ce qui ne va pas. C’était déjà une manière de vouloir obtenir la liberté d’expression. Ça, c’est un premier élément en termes de liberté d’expression. Un deuxième élément en termes de démocratie, c’était la liberté de manifestation. Nous avons vu plusieurs fois comment il a bravé la peur avec son parti, l’UDPS. Un troisième élément, il s’agit de la bonne gouvernance.  Vous vous rappellerez bien que plus d’une fois quand il a été nommé Premier ministre, il disait toujours qu’il faut mettre le peuple en avant. Il insistait sur la gestion orthodoxe de la chose publique. Il y avait donc un respect concernant la chose publique (…). Il avait aussi rationalisé le gouvernement. Etienne Tshisekedi, chaque fois qu’il avait été nommé Premier ministre, il n’a jamais fait un gouvernement éléphantesque. Il voulait qu’on gère la question de la chose publique en toute orthodoxie. Il avait également un souci de stabilité économique (…) », a-t-il déclaré à ACTUALITE.CD.

Cependant, M. Tshiombela estime que la meilleure des façons pour l’UDPS, actuellement au pays de lui rendre hommage à jamais, c’est l’envie à vouloir continuer son combat notamment sur l’Etat de droit.

« L’UDPS, qui a aujourd’hui une bonne partie de la commande de la République, la bonne manière pour ce parti de lui rendre hommage, c’est de continuer son combat, d’incarner ce qu’il avait comme valeur sur l’Etat de droit. La liberté au sein de ce parti reste quand même un acquis … vous n’avez qu’à voir comment les gens se déchirent au sein de l’UDPS. Mais jusque-là ce parti ne met pas en pratique les valeurs qu’il a pu obtenir de cet homme, qui a passé une bonne partie de toute sa vie pour que l’UDPS soit ce qu’elle est aujourd’hui. Écrire sur lui pour que les générations à venir puissent quand même penser au travail qui a été abattu par le Dr Etienne Tshisekedi. Que d’autres Etienne surgissent au sein de l’UDPS, que son flambeau ne s’éteigne pas. Voilà ce que nous attendons de ce parti », a-t-il dit.

Pour sa part, M. Mushagalusa note que 5 ans après la disparition d’Etienne Tshisekedi, son parti, l’UDPS, s’écarte progressivement de sa véritable vision. Il dit faire notamment allusion à ce qui se passe actuellement au sein de ce parti au pouvoir.

« Malheureusement comme acteur de la société civile, j’ai du mal à parler d’un parti politique. Mais je peux observer de loin : malheureusement on n’arrive pas à pérenniser son idée. L’UDPS actuellement est partie dans la culture de l’intolérance, ce qui fait que quiconque ne peut pas parler du bien de l’UDPS ou du bien des dirigeants de l’UDPS, est une personne à caricaturer. Vous avez vu plusieurs fois qu’ils ont organisé des marches avec une violence indescriptible (…). La dernière preuve : c’est ce qu’on vient de faire subir à leur président a.i. C’est une question qui pouvait être résolue en interne par le dialogue, ou autre mécanisme de résolution de conflit mais ils ont préféré recourir à des manifestations etc. Je crois que petit à petit l’UDPS est en train de s’écarter de la vision de la volonté mais également du combat d’Etienne Tshisekedi. C’est vraiment dommage, c’est regrettable », a conclu Dieudonné Mushagalusa.

Né le 14 décembre 1932, Étienne Tshisekedi wa Mulumba est mort d'une embolie pulmonaire, à Bruxelles. Ancien Premier ministre (premier commissaire d’État), il a marqué l’histoire politique de son pays jusqu’à sa mort. 

Joelle Manya