l'ONG de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), a accusé, jeudi 21 février, les forces de l’ordre congolaises d'avoir exécuté “sommairement” au moins 27 jeunes et fait “disparaître de force” sept autres, entre mai et septembre 2018.
HRW soutient que ces crimes ont été commis au cours de l’opération "Likofi IV ["Coup de poing" en lingala ] visant des membres de gangs présumés dans plusieurs communes de Kinshasa.
HRW a "constaté que des agents de police, souvent habillés en civil, ont appréhendé sans mandat des membres de gangs présumés, la nuit, à leur domicile ou dans d’autres lieux. Dans de nombreux cas, la police a ligoté les victimes et leur a bandé les yeux, les a conduites vers des lieux non identifiés et les a tuées", écrit l'ONG dans son communiqué.
"Souvent la police a abandonné les corps des victimes près de leur maison, tôt le lendemain matin. La plupart des victimes ont été étranglées dans une stratégie manifeste des autorités visant à détourner l’attention de la police", ajoute l'ONG.
"Étrangler, abattre et faire disparaître des suspects en garde à vue n’est jamais une manière légale de lutter contre la criminalité urbaine", a déclaré Ida Sawyer, directrice de HRW en Afrique centrale.
"La nouvelle administration de la RDC devrait mettre un terme aux campagnes policières abusives et veiller à ce que les responsables de ces crimes horribles fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites" a-t-elle ajouté.
Une opération de traque similaire avait été conduite, entre novembre 2013 et février 2014, par la police à Kinshasa.
Au moins 41 personnes avaient été tuées (ou ont disparu) dans cette opération de police "Likofi", selon un rapport de l'ONU publié en octobre 2014.
Réagissant à ce rapport, le gouvernement congolais avait d'abord expulsé le directeur du Bureau conjoint de l'ONU aux droits de l'Homme en RDC (BCNDUH),et dénoncé un "lynchage" dans les médias internationaux.
A l'époque ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, Evariste Boshab, avait reconnu que Likofi était "émaillée de quelques accrochages".
Christine Tshibuyi