Les cardinaux, archevêques et évêques, membres de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (ACEAC), se disent profondément affligés par la résurgence des conflits et de la violence dans l’Est de la République démocratique du Congo, ayant conduit à la prise d’Uvira par les rebelles de l’AFC/M23.
À l’issue de la 15ᵉ Assemblée plénière tenue du 10 au 14 décembre 2025 à Kinshasa, ils ont dénoncé l’occupation de la ville d’Uvira après l’entérinement des accords de Washington entre Kinshasa et Kigali, sous les auspices des USA.
"Nous pensons notamment au récent bombardement d’Uvira, dans le Sud-Kivu, que nous condamnons fermement. Ces actes accentuent le risque d’un embrasement sous-régional, avec leur cohorte de victimes : morts, réfugiés et déplacés internes. Nous avons cru apercevoir des lueurs d’espoir à travers les différents processus et accords de paix engagés dans et entre nos États, dont les derniers en date ont été ratifiés par les Chefs d’État de la République Démocratique du Congo et du Rwanda, le 4 décembre 2025 à Washington, sous l’égide du Président des États-Unis d’Amérique et en présence de celui du Burundi. Comme les accords précédents, celui-ci a suscité beaucoup d’espoir quant au retour de la paix mais les récents événements impactant le vivre-ensemble aux frontières de nos trois pays suscitent inquiétude et interrogation", disent-ils dans le communiqué final lu lors de la messe organisée à Notre-Dame du Congo.
L'ACEAC regroupant les Conférences épiscopales de la RDC, du Burundi et du Rwanda appelle les différentes parties en conflit à cesser les hostilités en vue de privilégier le vivre-ensemble dans la sous région.
"Ayant vu la souffrance de nos populations, nous exprimons notre solidarité, notre proximité et notre compassion envers toutes ces victimes. Nous supplions tous les belligérants d'arrêter les massacres et crimes qui endeuillent cycliquement notre sous-région depuis plusieurs décennies. Au-delà de toutes ces tribulations, nous croyons qu’un vivre-ensemble harmonieux et une paix durable restent possibles dans notre sous-région".
Malgré la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire actuelle, les prélats catholiques se montrent optimistes quant à l'avènement d'une paix durable en Afrique centrale.
"Nous devons, à cet effet, continuer à garder allumée la flamme de l’espérance, tout en nous souvenant que la paix dans notre sous région doit être une oeuvre commune et ne dépend pas seulement des accords signés sur le plan international, mais aussi et surtout de notre engagement sincère et dans la vérité aux processus de paix, dont l’effectivité se juge sur le terrain", ont-ils souligné.
L’Église du Christ au Congo (ECC) et la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) sont porteuses de l’initiative du Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble dans la région des Grands Lacs. Cette initiative conjointe vise à promouvoir une paix durable, la cohésion sociale et la fraternité, en s’attaquant aux causes profondes des conflits à travers le dialogue interreligieux et intersectoriel, l’organisation d’ateliers citoyens ainsi que la promotion du concept de bumuntu.
L’initiative du Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble dans la région des Grands Lacs recherche l’adhésion de l’ensemble des acteurs afin de favoriser une stabilité régionale durable. Par cette approche inclusive, l'Église du Christ au Congo ( ECC) et la Conférence Épiscopale nationale du Congo ( CENCO) entendent créer un cadre de dialogue et d’action capable de transformer les mentalités et de renforcer la gouvernance participative face aux défis persistants dans la région.
Cette activité intervient dans un contexte où la ville d'Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, est désormais passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant davantage son influence et sa mainmise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23 vers l’espace Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.
La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés valider et encourager le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires de la RDC et du Rwanda, la situation s’est au contraire dégradée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire actuelle.
Clément MUAMBA