Chiffré à 2,54 milliards USD, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la République démocratique du Congo demeure sous-financé, alors que la situation sécuritaire et humanitaire continue de se dégrader et que les besoins ne cessent de croître dans l’Est du pays. Devant le Conseil de sécurité de l’ONU vendredi 12 décembre, Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de paix, a révélé qu’à ce jour, ce plan n’est financé qu’à hauteur de 22 %.
"La situation humanitaire est tout aussi alarmante. La poursuite des hostilités, les vagues répétées de déplacements de population, la fermeture continue des aéroports de Goma et de Kavumu et la réduction de l'accès humanitaire ont aggravé une crise déjà grave. Environ 5,35 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays ; depuis janvier seulement, 2,68 millions de personnes ont été nouvellement déplacées, tandis que 2,9 millions sont rentrées chez elles, de force ou volontairement. Plus de 24 millions de personnes sont confrontées à une grave insécurité alimentaire", a déclaré Jean-Pierre Lacroix.
Et de poursuivre :
"Parallèlement, les organisations humanitaires font face à des déficits de financement paralysants. À ce jour, le Plan de réponse humanitaire pour la RDC n'est financé qu'à hauteur de 22 %. Les conséquences de ces déficits de financement sont dévastatrices".
Dans ce contexte difficile, dit-il, la MONUSCO est restée dans sa détermination à accomplir ses missions prioritaires, malgré de nombreuses contraintes opérationnelles et financières.
"La Mission a pris toutes les mesures possibles pour atténuer l'impact de ces mesures sur sa capacité à protéger les civils dans sa zone d'opérations et à accomplir ses autres missions prioritaires. À cette fin, la Mission a cherché à renforcer la mobilité de ses unités restantes et a intensifié les patrouilles conjointes avec les FARDC et la Police nationale congolaise en Ituri, tout en s'efforçant de maintenir une présence forte autour des sites vulnérables de personnes déplacées", a-t-il fait savoir.
Lancé en février dernier par le gouvernement et la communauté humanitaire, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la RDC est chiffré à 2,54 milliards de dollars américains. Cette enveloppe cruciale vise à fournir une aide vitale à 11 millions de personnes dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies.
Le lancement du Plan de réponse aux besoins humanitaires pour la RDC (2025) intervenait dans un contexte particulier de polycrise multidimensionnelle d’une ampleur inédite, qui combine trois éléments déstabilisateurs majeurs : d’une part une spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika ; d’autre part la présence d’une autorité de facto dans des zones clés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux provinces où les besoins humanitaires sont très importants ; et enfin une crise majeure du financement de la réponse humanitaire.
À l’issue de la conférence de soutien à la paix dans la région des Grands Lacs, organisée jeudi 30 octobre à Paris, le président français a annoncé une aide internationale de plus de 1,5 milliard d’euros ainsi que l’ouverture de couloirs sécurisés pour acheminer l’aide humanitaire aux civils pris au piège de la guerre, en République démocratique du Congo comme dans les pays voisins.
Clément MUAMBA