En deux semaines, plus de 500 000 personnes dont plus de 100 000 enfants se sont déplacées suite aux combats au Sud-Kivu, selon l'UNICEF 

Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)
Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)

L’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance) s’est dit profondément alarmé par l’escalade rapide des hostilités au Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), qui a contraint des centaines de milliers d’enfants et de familles à fuir pour se mettre à l’abri, tant à l’intérieur du pays qu’au-delà des frontières, notamment vers le Burundi et le Rwanda.

Cette situation est consécutive aux offensives de la rébellion de l’AFC/M23, appuyée par le Rwanda, ayant conduit à l’occupation de la ville d’Uvira. L’agence des Nations Unies, chargée de fournir une aide humanitaire et un appui au développement en faveur des enfants à travers le monde, appelle toutes les parties au conflit à protéger les enfants et à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire ainsi que de la Convention relative aux droits de l’enfant.

"Depuis le ler décembre, des combats intenses ont déplacé plus de 500 000 personnes, dont plus de 100 000 enfants rien qu'à l'intérieur du Sud-Kivu. Avec la propagation de la violence, les déplacements devraient encore augmenter. L'UNICEF est profondément préoccupé par la sécurité et le bien-être du grand nombre d'enfants qui fuient et cherchent refuge.Des centaines de personnes ont été tuées depuis le 2 décembre. De graves violations des droits de l'enfant ont également été signalées, notamment la mort de quatre élèves, six autres blessés, ainsi que des attaques contre au moins sept écoles, dont des salles de classe ont été endommagées ou détruites", renseigne le communiqué de l'UNICEF publié samedi 13 décembre à Bujumbura au Burundi.

Alors que les familles fuient, l’agence des Nations Unies précise que les enfants font face à des risques aigus de protection, notamment la séparation des familles, l'exposition à la violence, l'exploitation, la violence basée sur le genre et la détresse psychosociale.

"Un afflux soudain de personnes fuyant la violence a été enregistré au Burundi. Entre le 6 et le 11 décembre, plus de 50 000 nouveaux arrivants ont été identifiés, dont près de la moitié sont des enfants. Ce chiffre devrait toutefois être revu à la hausse, les autorités poursuivant l'identification des personnes en quête de refuge. De nombreux arrivants présentent des blessures liées au conflit, on compte également des enfants non accompagnés ou séparés, tandis que les femmes sont exposées à des risques accrus", ajoute l’agence onusienne. 

L'UNICEF dit travailler avec les autorités nationales et les partenaires en RDC et au Burundi pour mobiliser une réponse humanitaire urgente et centrée sur l'enfant, tout en se coordonnant étroitement avec d'autres agences et partenaires de l'ONU afin d'assurer des évaluations rapides et une augmentation de l'aide dès que les conditions de sécurité le permettront. Les enfants ne doivent jamais payer le prix du conflit. L'UNICEF est prêt à soutenir chaque enfant touché par cette crise croissante, où qu'il soit.

La ville d'Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, est désormais passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant davantage son influence et sa mainmise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23 vers l’espace Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.

La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés valider et encourager le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires de la RDC et du Rwanda, la situation s’est au contraire dégradée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire actuelle. 

Après l’occupation de Bukavu en février 2025, le gouvernement de Kinshasa avait désigné la Uvira comme siège provisoire des institutions dans les zones encore sous contrôle gouvernemental dans la province du Sud-Kivu. L’AFC/M23, soutenu par le Rwanda et son armée, ayant désormais pris le contrôle d’Uvira, inflige, selon le chef de la diplomatie burundaise, une "gifle " à Washington, seulement quelques jours après la signature des accords censés ramener la paix dans la région des Grands Lacs.

Clément MUAMBA