A l’ouverture de son procès à Paris, Roger Lumbala conteste la légitimité de la Cour qui selon lui, n'est pas informée de la situation réelle du pays

La Cour d’assises de Paris tient ce mercredi 12 novembre 2025 sa première audience de l'affaire Roger Lumbala Tshitenga, ancien chef d'un groupe armé congolais accusé de complicité des crimes contre l'humanité, notamment des meurtres, des actes de torture et des viols, commis en 2002 et 2003 en Ituri et au Nord-Kivu.

Dans ses premiers mots, l'ancien ministre, député et sénateur Roger Lumbala a contesté la légitimité de la Cour. Il note que l'ensemble de la composition des juges n'a pas la maîtrise de la situation réelle du pays. 

"Je conteste l’ensemble de vous, et parmi les membres de la Cour, aucun n’est informé de la situation réelle de l’État. Regardez la composition de cette Cour. Avec un Africain dans le box, ça ne vous rappelle pas les siècles passés ? Ça ne vous rappelle absolument rien ?

Le monde du passé où les hommes politiques africains doivent être neutralisés, pour qu’ils puissent se défendre, pour qu’ils puissent être réunis. Je tiens à préciser, Monsieur le Président, avec les hommages que vous m’avez faits, que j’ai eu une déclaration à faire, mais je pense que mon avocat va me donner l’occasion de faire cette déclaration", a réagi d'entrée de jeu Roger Lumbala. 

Roger Lumbala Tshitenga a dirigé le Rassemblement Congolais pour la démocratie  National (RCD-N), groupe armé actif dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) durant la Seconde Guerre du Congo (1998-2003). Il a également été ministre du Commerce (2003-2005) et candidat à la présidence de la RDC en 2006. Il est accusé de complicité de crimes contre l'humanité, notamment de meurtres, de tortures, de viols, de réductions en esclavage et de pillages, commis en 2002 et 2003 lors de l'opération « Effacer le tableau » dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. 

Cette opération est tristement célèbre pour les crimes de droit international perpétrés contre des civils, en particulier les populations Mbuti et Nande, incluant des homicides, des actes de torture, des viols et autres crimes sexuels, ainsi que des cas de cannibalisme forcé.

Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme qualifient ce procès d'historique et considèrent ce procès comme une étape cruciale vers la fin de l'impunité. C'est le cas de Amnesty International. 

Clément MUAMBA