Le gouvernement congolais n'a pas toujours le contrôle de l'ensemble de son territoire dont une bonne partie dans l'Est est sous occupation de la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda en dépit des initiatives diplomatiques en cours au niveau africain et international.
Considérant que l'exploitation illicite des minerais est l'une des causes de la guerre d'agression en cours dans l’est du pays, Zénon Mukongo Ngay, Représentant permanent de la République démocratique du Congo auprès des Nations Unies a réitéré l'appel de son gouvernement pour la mise en place du processus de Kimberley de gestion de l'or en provenance des zones en conflit.
« En ce qui concerne l'exploitation illégale des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo, mon gouvernement réitère son appel pour la mise en place d'un mécanisme similaire au processus de Kimberley pour gérer l'or provenant des zones de conflit afin de mettre un terme à cette économie parallèle qui alimente la violence. Mon gouvernement qui souscrit aux recommandations de l'atelier de Khartoum du 2 septembre 2021 sur les ressources naturelles dans la région des Grands Lacs est prêt à participer activement aux discussions pour la mise en place d'un tel processus afin d'éradiquer ce fléau », a plaidé lundi 13 octobre 2025 lors de la réunion du conseil de sécurité consacrée à la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs.
Zénon Mukongo Ngay a souligné : « la promotion d'une gestion durable et transparente des ressources naturelles demeure une priorité essentielle pour mon gouvernement car c'est un des outils qui permettra de s'attaquer de manière efficiente aux causes profondes du conflit dans les Grands Lacs ».
Le diplomate a également dénoncé la poursuite des massacres des civils dans les zones sous contrôle de l'AFC/M23. À l'en croire, il s’agit d’une série des crimes qui s'ajoute aux informations récemment recueillies par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'homme qui a rapporté des tueries des centaines de personnes dont des femmes et des enfants sans défense, lors des opérations de l’AFC/M23 contre les FDLR dans le groupement de Binza, dans le territoire de Rutshuru.
« Pour la seule période du 2 juillet au 2 aout, ces exactions se sont accompagnées des violations graves comprenant plus de 125 cas de violence sexuelle, des centaines de recrutement forcé y compris d'enfants plus de 300 cas de torture, des pillages et incendies des biens ainsi que la transplantation des populations non identifiées dans les zones sous contrôle du M23. Le dernier rapport du groupe d'experts comme vous le savez sur la République Démocratique du Congo met en évidence de manière incontestable le lien structurel unissant le M23 au Rwanda. Il y est également établi que le Rwanda maintient un soutien actif militaire, logistique, opérationnel à ce mouvement armé ce qui alimente directement la poursuite des massacres, provoque des déplacements massifs et forcés des populations et accentue la déstabilisation persistante de l'Est de la République Démocratique du Congo », a fait remarquer le représentant de la RDC à l'ONU.
Quid du processus de Kimberley ?
Le Processus de Kimberley est un régime international de certification des diamants bruts, créé en 2003 pour mettre fin au commerce des « diamants de conflit » qui financent des guerres et des rébellions. Il exige des États participants qu'ils mettent en place des contrôles d'exportation et d'importation afin de garantir que les diamants bruts exportés soient exempts de conflit, assurant ainsi la traçabilité des pierres.
Parmi les objectifs principaux, il y a notamment éliminer les diamants de conflit, empêcher les diamants bruts utilisés pour financer des conflits d'entrer sur le marché légitime mondial, promouvoir le commerce légitime : Il vise à assurer la transparence dans la chaîne d'approvisionnement des diamants bruts et à encourager le commerce légal.
Adossé à l’ONU, ce processus créé autour des années 2000 a été utilisé lors des conflits en Angola et en Sierra Leone. Selon un article de RFI, près de 25 ans plus tard, le dernier embargo sur la vente de diamants qui était imposé à la Centrafrique venait d'être levé. Dans un récent rapport, the International Peace Information Service (IPIS) s’interroge sur l’avenir de ce processus.
Depuis plusieurs années, la République Démocratique du Congo ne cesse de dénoncer le pillage de ses ressources naturelles comme étant l’un des principaux moteurs du conflit dans l’Est de la RDC opposant ses forces armées aux rebelles de l'AFC/M23, soutenus par Kigali. Pour Kinshasa, Kigali fait passer en contrebande soit illégalement des minerais congolais pour une valeur de plusieurs dizaines de millions de dollars chaque mois qu’il exporterait ensuite depuis son propre territoire vers d'autres destinations.
Clément MUAMBA