Déclaration de Doha : l’AFC/M23 exige d’être au cœur des discussions sur les réfugiés et déplacés

Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)
Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)

La rébellion de l'AFC/M23 entend jouer un rôle de premier plan dans la question relative aux réfugiés et déplacés conformément à la déclaration de principes signée à Doha sous la médiation du Qatar. Cette position a été annoncée vendredi 25 juillet 2025 à Goma chef-lieu de la province du Nord-Kivu par Benjamin Mbonimpa, Secrétaire exécutif de l'AFC/M23 et chef de la délégation du mouvement aux discussions de Doha sous la médiation du Qatar.

"Les parties conviennent : le gouvernement de Kinshasa et l'AFC/M23 se sont engagés à faciliter le retour sûr, volontaire et digne des réfugiés et de personnes déplacées dans leur milieu d'origine en conformité, nous nous sommes engagés l'AFC/M23 et le gouvernement de Kinshasa nous deux ensemble, nous allons faciliter le retour sûr, sécurisé et digne de tous les déplacés internes  et des réfugiés, nous allons le faire en conformité avec la tripartite notre pays va signer les accords tripartite avec tous les pays d'asile la Zambie, la Tanzanie, Burundi, Kenya, l'Ouganda, le Rwanda et même l'Angola, il y a des réfugiés congolais qui sont en Angola", a fait savoir Benjamin Mbonimpa, Secrétaire exécutif de l'AFC/M23.

Et de poursuivre :

"C'est pour tout dire que l'AFC/M23 est partie prenante dans la sécurisation, dans la protection et la facilitation de la faisabilité de toutes ces activités importantes. Il est hors de question de traiter les questions des réfugiés en excluant nous l'AFC/M23 pour une cause pour laquelle nous avions aussi milité et lutter pendant longtemps, il ne faudra pas que nos compatriotes soient des apatrides, qu'ils puissent demeurer dans le refuge, dans l'exil politique et dans des conditions difficiles alors qu'il y'a moyen qu'ils puissent rentrer chez eux. Si nous, nous sommes battus, si nous avons lutté, si nous nous sommes opposés au gouvernement de Kinshasa c'est parce-que cette question a été jetée aux oubliettes".

Abordant le point lié au cessez-le-feu, ce cadre de l'AFC/M23 a une nouvelle dénoncé la mauvaise interprétation des autorités congolaises. Il a également dénoncé l'attitude de Kinshasa qui selon est champion dans la violation du cessez-le-feu.

"Nous avions réaffirmé l'engagement d'un cessez-le-feu permanent qui interdit les attaques de toute nature sur le lac, attaques aériennes, terrestres, maritimes et même d'autres formes de provocation ou des tentatives d'occuper le terrain par malice et tout acte de sabotage. Vous vous rappelez quand nous nous sommes retirés de Walikale pendant qu'on faisait le mouvement les avions du gouvernement ont bombardé les ponts à Walikale disant qu'il voulait interdire notre progression vers Kisangani. Le gouvernement congolais par ses méthodes qui ne sont pas bonnes posent des actes de sabotage, récemment vous aviez suivi le sabotage d'un avion des humanitaires à Minembwe or on nous dit dans l'esprit qu'il y avait ici nous devons arriver à soulager les souffrances des populations, tous nous militons pour le bien-être de nos populations, leur dignité", a indiqué Benjamin Mbonimpa, Secrétaire exécutif de l'AFC/M23.

Le Secrétaire Exécutif de l'AFC/M23 a annoncé l'institution et la publication d'un bulletin quotidien qui va commencer à retracer les violations du cessez-le-feu par les dirigeants de Kinshasa.

"L'AFC/M23 vous promet d'établir un bulletin quotidien de violations du cessez-le-feu par la coalition gouvernementale tous les jours, ils sont entrain de violer le cessez-le-feu même après la signature à Doha, ils nous ont attaqués à Ruki vers Pinga, ils nous ont attaqué dans le Masisi et nous promettons que nous allons mettre chaque fois à la disposition des médias un bulletin des violations de cessez-le-feu par le gouvernement, rien ne donne la légitimité au gouvernement de nous attaquer parce-que lorsque le gouvernement est en conflit avec son peuple, une partie de sa population il perd même la légitimité d'être appelé gouvernement qui protège la population. Les FARDC, les mercenaires, les forces Burundaises, les Wazalendo, les FLDR, Nyatura, Mai Mai tous nous attaquent si ce ne sont pas des commandos d'élites FARDC qui nous attaquent ce sont leurs supplétifs qui nous attaquent et tout celà la déclaration de principes a interdit ça, on dit toutes les forces impliquées dans le conflit doivent taire les armes", a insisté ce haut cadre de l'AFC/M23 dans son intervention.

Pour ce mouvement rebelle soutenu par le Rwanda, toute attaque des supplétifs des FARDC sera considérée comme violation du cessez-le-feu par le régime de Kinshasa.

"Si les Mai Mai, Wazalendo, nous attaquent c'est Kinshasa qui sera entrain de violer le cessez-le-feu, si les FDLR nous attaquent par ci par là ça sera le gouvernement de Kinshasa qui viole le cessez-le-feu, si l'armée Burundaise nous attaquent ça sera le gouvernement de Kinshasa qui est partie prenante à cette déclaration de principes, sera entrain de violer le cessez-le-feu. Nous nous sommes convenus de s'abstenir de toute déclaration ou comportement pouvant compromettre le bon déroulement du processus de cessez-le-feu", a-t-il indiqué dans son intervention.

Et d'ajouter :

"En réalité le cessez-le-feu ce n'est pas un geste, c'est un processus ça se discute, on se convient il y a des forces en partie, des forces belligérantes qui sont posées qui doivent faire un mouvement, un désengagement des lignes des fronts pour laisser la place à une force d'interposition c'est ça l'esprit ici, quand vous allez lire en bas le mécanisme qui va étudier les modalités pratiques de cessez-le-feu, c'est ce que Kinshasa ne veut pas dire à la population, ils vont se désengager 5 kilomètres en reculant le long des lignes de front et les forces de l'AFC/M23 vont se désengager pour laisser tous les longs des lignes de front une zone tampon dans laquelle va être installer une force neutre qu'on appelle force d'interposition ou maintenant dans le point MONUSCO et mécanismes régionaux que vous avez vu là-bas en sous point viendront pour faciliter le suivi et la vérification".

S'agissant du point lié à la Monusco et Mécanismes régionaux, il a rappelé que les parties c'est-à-dire l'AFC/M23 et le gouvernement de Kinshasa ont convenu d'accepter le soutien de la MONUSCO et des mécanismes régionaux dans le processus et au cas échéant pour la vérification et le suivi du cessez-le-feu.

"En Tanzanie lors du sommet de la SADC-EAC l'idée de créer une force d'interposition est sortie parce qu'on disait que afin d'éviter que les forces continuent à s'affronter, il fallait mettre, il fallait créer une zone tampon, mettre une force d'interposition, le gouvernement de Kinshasa a voulu refuser l'idée mais il y a des mécanismes régionaux comme le mécanisme de vérification de la CIRGL ça peut nous aider et on peut définir ensemble d'autres forces en qui nous avons confiance, des pays qui n'ont pas des penchants, qui puissent venir pour être au milieu entre nos forces et les FARDC et toute la coalition que vous connaissez. Dans ce point ici, le mot MONUSCO, le mot mécanismes régionaux ces deux concepts c'est pour venir en soutien à ce que nous les compatriotes congolais, nous nous sommes entendus afin de nous départager, le temps que nous serons entrain de travailler les causes profondes qui n'est pas une affaire de 10 jours, 20 jours comme le dit le calendrier symbolique", a soutenu le secrétaire exécutif de l'AFC/M23.

Le texte, paraphé après trois mois de négociations directes facilitées par l’État du Qatar, vise à encadrer les prochaines étapes du processus de paix. Selon le document, les Parties s’engagent à mettre en œuvre les dispositions de la présente déclaration de principes immédiatement après sa signature, et au plus tard le 29 Juillet 2025. Les parties conviennent d’ouvrir des négociations directes immédiatement après la mise en œuvre des engagements contenus dans la présente déclaration de principes, en vue de lancer les discussions sur un accord de paix au plus tard le 8 Août 2025. 

Selon toujours la déclaration de principes, ces négociations s’inscriront dans le cadre de l’Accord de paix entre la République Démocratique du Congo et la République du Rwanda, signé à Washington le 27 Juin 2025. Les Parties s’engagent à mener les négociations d’un accord de paix global dans un esprit de responsabilité, de coopération et de compromis, avec pour objectif de parvenir à un consensus et de signer l’accord au plus tard le 17 Août 2025.

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Yvonne Kapinga et Clément MUAMBA