55 militaires des Forces armées de la RDC ont été condamnés à mort pour fuite devant l'ennemi ce vendredi 28 février, par le Tribunal militaire de garnison de Butembo qui siégeait depuis lundi à Musienene-Etat, derrière la ligne de front, en direction de Butembo, dans un procès en flagrance.
Au terme de cinq jours d'audiences, le tribunal les a reconnus coupables de lâcheté devant l'ennemi, le M23, pour s'être retrouvés loin de leurs unités engagées sur la ligne de front dans le Lubero. Parmi les condamnés, nombreux avaient été arrêtés alors qu'ils tendaient de fuire les rebelles qui occupent des villages. D'autres encore ont été reconnus coupables de pillages, viol, meutre et assassinat. Sur les 66 militaires jugés, au delà de 55 condamnés à morts, deux autres ont écopé de deux ans de servitude pénale, un autre de 5 ans et un acquittement. Le tribunal s'est par ailleurs déclaré incompétent à juger six prévenus présentés en procédure de flagrance alors qu'ils avaient été arrêtés des mois plutôt, en décembre 2024. Pour l'auditeur du parquet militaire de Butembo, cette action de justice vise à décourager les militaires qui tentent de fuire la ligne de front et à commettre des actes de pillage alors qu'ils sont censés défendre la patrie et protéger les citoyens.
"La discipline, c'est la mère des armées, donc pas de l'indiscipline. Nous serons en train de traquer tous les indisciplinés dans l'armée : ceux qui quittent le front sans autorisation, ceux qui fuient l'ennemi et ceux qui commettent des violations des consignes au front. En ces circonstances exceptionnelles, c'est la rigueur de la loi qui sera appliquée", a déclaré à la presse le major Georges Nkuwa, chef du parquet militaire de Butembo.
La défense des condamnés n'est pas satisfaite du jugement prononcé. Maître Jules Muvweko promet interjeter appel.
"Nous ne sommes pas satisfaits de ce jugement. On compte interjeter appel parce qu'on vient de condamner plusieurs personnes pour rien. Il y a eu des insuffisances de la part des juges qui devraient bien analyser les propos de toutes les parties. Il s'est malheureusement rallié aux propos du ministère public. On s'attendait à plus d'acquittement. Nous allons saisir la cour ", a-t-il déclaré à ACTUALITE.CD.
Au Nord comme au Sud-Kivu, face à la progression des rebelles, certains militaires tentent de fuire, et commettent des actes de pillage ou de meurtre, à leur passage dans des villages. Comportement que veut corriger la justice militaire en vue de décourager leurs collègues d'armes.
Claude Sengenya