Lors de la rentrée judiciaire de la Cour de cassation ce mardi, au Palais du Peuple de Kinshasa, le Procureur Général près la Cour et le Premier Président ont appelé la population congolaise au respect de la présomption d’innocence. Cet appel a été lancé dans un contexte où la présomption d’innocence est, selon eux, régulièrement bafouée, notamment par la presse et les réseaux sociaux.
S’adressant à l’audience en présence du Chef de l’État, le Procureur Général Firmin Mvonde a rappelé que la présomption d’innocence est un droit fondamental consacré par l’article 17 de la Constitution congolaise et l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. « La présomption d'innocence est avant tout un principe constitutionnel, un droit fondamental de tout citoyen, un principe cardinal de la procédure pénale dans un État de droit. Ce, pour un procès juste et équitable », a-t-il déclaré, tout en regrettant les violations fréquentes de ce principe, parfois motivées par le désir de satisfaire l’opinion publique.
Illustrant ses propos, Mvonde a critiqué les comportements de certains officiers de police judiciaire, qui exposent les suspects à la clameur publique avant tout jugement. Il a évoqué des pratiques telles que la présentation publique de suspects, parfois exhibés de manière humiliante, ce qui constitue une atteinte directe à la présomption d'innocence.
Le Premier Président de la Cour de cassation, Elie-Léon Ndomba Kabeya, a, quant à lui, loué le rôle essentiel des greffiers dans l'administration de la justice, tout en appelant à davantage de rigueur et d’intégrité dans leurs fonctions. Il a également adressé un message clair aux médias, les exhortant à faire preuve de responsabilité dans leur couverture des affaires judiciaires. « Vous de la presse, vous n'êtes pas des juges, vous n'êtes pas magistrats. (…) La liberté de la presse marche de pair avec la responsabilité des journalistes », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité de vérifier les informations auprès des sources judiciaires.
Cette rentrée judiciaire intervient alors que le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère de la Justice, s'emploie à désengorger les prisons congolaises. Cette initiative appelle à une collaboration accrue avec les magistrats, afin d'assurer une administration de la justice qui respecte les droits fondamentaux et contribue à l’établissement de l’État de droit en RDC.