En RDC, le législateur a inséré dans le Code pénal, l'article 174, les alinéas R, S et T sanctionnant la pratique du lévirat et du sororat forcés. Vincent Bauna, analyste sociologue et assistant au département des Lettres et civilisations africaines de l'Université de Kinshasa, pense que la pénalisation de ces pratiques vient restaurer les droits de la femme qui, jadis, n'étaient pas pris en compte.
Pour lui, l'État congolais doit réglementer toute pratique apparente à la discrimination basée sur le genre, pour permettre à chaque citoyen de jouir pleinement de sa liberté.
"Ces pratiques avaient des conséquences plus dramatique", s'indigne l'analyste. "Sans tenir compte de ses droits, sa vision de vie et autres, la veuve était obligée à passer sa vie avec un homme qui n'était peut-être pas de son choix, et elle lui devait fidélité. Cette manière de faire était un acte cruel, qui piétinait complètement les droits de la femme. En interdisant en premier lieu le libre choix des veufs et veuves, en faisant de la femme une chose, et en identifiant la dot à un véritable achat de l'être humain", a-t-il précisé.
Et d'ajouter :
"Maintenant que la loi sanctionne tout ceci, la femme pourra recouvrir toute sa liberté, et être égale à l'homme devant la loi. Chaque coutume a ses réalités bien sûr, mais l'être humain est sacré et cela doit être respecté et honoré."
Il demande par ailleurs la vulgarisation de cette loi, surtout dans les milieux ruraux de la République où ces pratiques sont fréquentes.
"Le lévirat et le sororat sont encore pratiqués dans certaines ethnies en RDC, notamment chez les Luba, Tékés, Ne Kongo et les Tetela". Dans ces milieux, on peut trouver des maris qui ont quatorze épouses dont cinq sont les veuves d'un aîné. Et les enfants issus de ces remariages ont du mal à établir leur identité. Ce sont des situations socialement inacceptables. C'est pourquoi le gouvernement doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour l'application effective de cette loi dans les coins reculés comme les villages.
Vincent Bauna reste persuadé que le peuple congolais pourra comprendre les problèmes sociaux que cette loi va résoudre. Il en demande une application effective.
Nancy Clémence Tshimueneka