Tensions communautaires à Kwamouth : «nous voulons la paix dans la province», Valérie Ndongo 

Photo/droits tiers
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Les tensions entre les membres des communautés Yaka et Teke en territoire de Kwamouth ont occasionné environ 30 morts, 240 maisons incendiées et le déplacement de plus de 6.000 personnes. Valérie Ndongo, activiste sociale basée à Inongo, plaide pour la continuité des pourparlers lancés par le gouvernement.  


« Cette situation est vraiment déplorable. Nous voulons que le gouvernement renforce la sécurité dans le territoire de Kwamouth en particulier et dans la province de Mai-Ndombe en général. Nous voulons la paix dans la province. La population est pauvre et très enclavée. Il ne faudrait pas que cette situation prenne des proportions importantes. Nous ne voulons pas compter les morts», confie Mme Ndongo depuis le Chef-lieu de la province.


A l’issue des pourparlers menés par la délégation gouvernementale avec les habitants de Kwamouth, des résolutions ont été prises. Il s’agit notamment de la désignation d'un autre administrateur du territoire et de nouveaux responsables des services de sécurité. Cependant, le député national élu de Kwamouth, Guy Musomo (qui avait également pris part à ces assises), a souligné auprès d'Actualité.CD que tout le monde était unanime à l’idée d’une main noire derrière le conflit.

D’autres sources locales rapportent que les membres de la communauté Yaka n’avaient pas participé à ces consultations. Au lendemain du départ de la mission du gouvernement, deux personnes ont été tuées et 4 habitations incendiées. « Les miliciens Yaka sont à l’origine de ces faits », selon un préfet d’école à Kwamouth.


Pour la coordonnatrice du Carrefour des femmes pour la santé et le développement communautaire (CASADEC), Valérie Ndongo, il faut dialoguer jusqu’à trouver une solution durable.

 

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« Le gouvernement ne doit rien lâcher. Il est difficile de réunir deux parties en conflit, lorsque les tensions ne baissent pas. Etant donné qu’ils (les membres de la communauté Yaka) ont résisté à ce premier appel au dialogue lancé par le gouvernement, il va falloir les approcher pour connaître la cause de cette résistance, ensuite relancer les pourparlers qui rassemblent les deux parties, jusqu’à obtenir une solution », soutient-elle. 

 
Et de renchérir, « il faut des consultations pacifiques et inclusives pour connaître l’origine des conflits entre ces deux ethnies (Yaka et Teke). Cela va faire plusieurs années que ces communautés vivent ensemble de manière pacifique. Ils ont toujours été voisins, leurs descendances se sont unies par le lien du mariage, il y a des enfants issus de ces unions. Nous ne savons pas d’où viennent ces hostilités ».


Une marche pacifique en germe


Par ailleurs, cette organisation qui existe depuis plus de dix ans, projette de manifester son soutien aux femmes et enfants des zones touchées par ces conflits.

« Nous avons tenu des réunions sur cette situation. Nous avons pu évaluer ensemble les besoins des femmes et des enfants. Nous comptons également organiser une marche pacifique pour soutenir la population de Kwamouth, soutenir les femmes et les enfants qui se trouvent actuellement dispersés à cause de ces conflits. La rentrée scolaire approche. Nous ne savons pas si les élèves auront la possibilité de reprendre les cours. Au niveau de la société civile, nous devons aussi nous mobiliser en faveur de tous ces enfants et familles en déplacement », a-t-elle conclut.  

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Pour rappel, la province de Mai-Ndombe a été victime des conflits communautaires fin décembre 2018 dans le territoire de Yumbi. Les violences qui avaient opposé des membres des ethnies Ntende et Nunu avaient causé la mort d'au moins 500 personnes, selon l'ONU.

Prisca Lokale