Félix Tshisekedi dépêche une délégation auprès de Museveni: « il est difficile qu’une solution soit trouvée en-dehors de vous », dit l’émissaire congolais 

Yoweri Museveni, président de l'Ouganda
Yoweri Museveni, président de l'Ouganda

Alexis Gisaro Muvunyi, Ministre d’État, ministre des Infrastructures et Travaux publics, est à la tête d’une délégation dépêchée par Félix Tshisekedi en Ouganda pour échanger avec le président Yoweri Kaguta Museveni. Au cœur de la mission, la crise du M23. Kinshasa attend du dirigeant ougandais une plus grande implication.

Dans son discours inaugural, l’émissaire de Félix Tshisekedi a été clair sur l’attente de Kinshasa: « Nous considérons que ce groupe a des soutiens étrangers. Notre présence se justifie par le fait que nous sommes conscients de votre influence dans la sous-région. Nous sommes convaincus qu’il est difficile qu’une solution soit trouvée en dehors de vous. Nous sommes là pour discuter avec vous sur les pistes des solutions ».

Les réponses de M. Museveni n’ont pas été aussi claires: « Nous avons été en guerre pendant longtemps, 50 ans, ici en Ouganda et dans les pays voisins. Si tu veux gagner, tu dois faire une guerre juste. 

Avant de se mêler dans un conflit, souvent les guerres viennent de la politique. Ou bien vous utilisez la paix, le dialogue ou la guerre », a-t-il d’abord expliqué.

Pour lui, la solution passe par un cessez-le-feu: « On peut trouver une solution. Il faut voir aussi notre longue expérience. Ma proposition, c’est de trouver une solution complète, mettre un cessez-le-feu en place, pas de combat, les kenyans vont venir et on va trouver une solution ». 

Un dialogue de sourds?

La perception de la crise n’est pas la même entre Tshisekedi et Museveni. Le président congolais ne souhaite pas engager des discussions directes avec le M23 qu’il considère comme un groupe terroriste alors que Museveni semble privilégier la méthode politique, le dialogue. Une position qui n’est pas très éloignée de celle défendue par Paul Kagame.

De l’autre côté, la position de Kinshasa par rapport à Kampala n’est pas aussi claire: certains dirigeants soupçonnent l’Ouganda d’appuyer le M23. Le bureau de l’Assemblée nationale avait d’ailleurs très clairement exprimé ses réserves vis-à-vis du régime de Museveni ce qui contraste avec les propos d’Alexis Gasaro. Pendant ce temps, l’aile du M23 qui a repris les hostilités et qui contrôle Bunagana est celle dirigée par Bertrand Bisimwa qui a pris ses quartiers en Ouganda.

Un processus au point mort?

La sortie médiatique du président ougandais intervient au moment où le processus de Nairobi semble marquer les pas. La force sous régionale est attendue dans les jours à venir. Les premiers déploiements de celle-ci étaient prévus avant la fin juillet dans l'est de la RDC, avec le gros des troupes sur le terrain programmé pour août. Entre-temps, la réunion de la grande commission mixte RDC-Rwanda prévue pour le 12 juillet est renvoyée vers la fin du même mois, à la suite du deuil national en Angola.