RDC-tolérance zéro immédiate :  plusieurs Kinois ne savent pas que la campagne est en cours d’exécution (baladeur)

Photo/droits tiers
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Cela fait pratiquement une année, depuis que le Chef de l’Etat a officiellement lancé la Campagne Tolérance zéro immédiate envers les violences sexuelles et celles basées sur le genre. Cette mesure devrait être exécutée sur toute l’étendue du territoire national à travers la sensibilisation de l’opinion publique et la réduction de la stigmatisation des survivantes. Dans les rues de Kinshasa, femmes et hommes ont donné leurs points de vue à ce sujet. 

« Je n’ai pas encore entendu parler de cette campagne et pourtant, j'ai une télévision à la maison», explique Chantal Kasala, habitante de la commune de Makala. 

A peine la question évoquée, certains froncent les sourcils, « Je ne comprends pas ce que cela signifie », lâche Bibiche Katenda, qui descend d’un taxi en provenance de Selembao. La même réponse est donnée par Jeancy, Guelord et Catherine, des passants ainsi qu'une habitante du plateau des Batéké (dans la commune de Maluku), au croisement des avenues Kalembelembe et Mushie, dans la commune de Lingwala. 

« 0 électricité, 0 panneau publicitaire, 0 campagne » 

"Le quartier Djalo où j'habite n'est pas fourni en électricité depuis plus d'un mois maintenant. Généralement, les communiqués officiels tels que ceux-ci passent à la télévision ou la radio. Mais où allons-nous suivre ces informations s'il n'y a pas d'électricité ? Observez les panneaux publicitaires depuis le palais du peuple jusqu'à l'endroit où nous sommes, il n'y a aucune trace de cette campagne. Rendez- vous jusqu'au rond-point Huileries. Vous n'en trouverez pas" soutient Orvy Meya, mécanicien depuis une dizaine d’années à quelques mètres du rond-point Huileries. 

Pathy Kinsuana vend des pagnes au grand marché de Kinshasa. Pour elle, c’est étonnant d’apprendre qu’il y a une si grande campagne menée dans le pays sans que des sensibilisations ne soient faites au marché central.

« Généralement lorsqu’une campagne d’une telle envergure est lancée en RDC, nous voyons des agents du ministère des familles, des ONGs mobiliser et sensibiliser dans le marché. Il y a même des dépliants, des polos qui nous sont remis. C’était notamment le cas avec Mama Marie-Ange Lukiana », a-t-elle affirmé, mentionnant la campagne "Je dénonce" menée en 2008.   

Cireur, Jean-Benoît est également dans la catégorie de ceux qui ne savent pas que la campagne "Tolérance zéro" est menée en RDC. Il pense que "c'est surtout parce qu'il passe ses journées à parcourir la ville, à la recherche des potentiels clients qu'il ne connaît rien de cette campagne ». 

Que savez-vous des violences basées sur le genre ? 

"J'ai appris que la campagne a été mise en œuvre, il y a plus de six mois, grâce à une amie journaliste. Depuis, je n'ai rien vu qui ait attrait à cette campagne. Comment puis- je participer à cette lutte ? Je pense que c'est en prévenant mes filles qu'il y a des gens qui violent les petites filles et qu'elles devraient se protéger, crier très fort pour être entendues ou se mettre à l'abri », souligne Meta Sylvie, agent dans une division du ministère des mines. 

" La semaine passée, nous avons accueilli le cas d'une fillette de 7 ans, violée par son oncle. La famille veut juste obtenir des soins jusqu'à ce que la fille soit guérie mais pas entamer un procès en justice. Tout ce que nous faisons, c’est de recommander aux familles d’ajouter une procédure juridique à une procédure médicale, c’est  important", précise l’infirmière Fidéline Senga, qui travaille au centre Marie Antoinette Mobutu situé à Limete.  

"VBG, je ne sais pas ce que signifient ces termes. Je connais les violences sexuelles, on nous parle assez souvent des cas qui sont enregistrés dans nos quartiers, dans la ville ou dans les zones de conflits. Et c'est contre ça que je lutte en dénonçant les cas auprès de la police", confie Eugène Ndombe, agent auprès d’une entreprise de télécommunication en ville. 

Pour rappel, la campagne a été lancée en juin 2021, en présence du premier ministre Sama Lukonde, de la ministre du genre Gisèle Ndaya Luseba et d’autres structures régionales.

Prisca Lokale