RDC-Rwanda :"l'accord ne prévoit ni contrepartie économique, ni concession en matière minière ni traité commercial bilatéral" prévient Thérèse Kayikwamba Wagner

La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, et Marco Rubio
La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, et Marco Rubio

Alors qu'il est considéré par certains comme un pas significatif dans la recherche de la paix dans la région des Grands Lacs, d'autres par contre estiment qu'en signant l'accord de Washington avec Kigali, la RDC a cédé sa souveraineté et accordé un feu vert au Rwanda à poursuivre avec les pillages des ressources naturelles.

Au cours d'un briefing presse, la ministre d'État, ministre des Affaires Étrangères, Coopération Internationale et Francophonie Thérèse Kayikwamba Wagner a tenu à éclairer l'opinion sur le chapitre lié au cadre d'intégration économique et régionale. À l'en croire, cet accord ne prévoit pas des contreparties économiques moins encore un traité économique avec le Rwanda.

"C'est l'un des chapitres qui a suscité beaucoup de rumeurs et d'interprétations parfois erronées et parfois même des suspicions. Ce volet ne contient pas d'engagement économique il parle plutôt du souci de prévoir dans l'avenir une intégration régionale accrue et ça c'est une leçon que nous avons tirée d'autres régions, c'est une leçon que nous avons tirée de notre propre région. L'accord ne prévoit ni contrepartie économique si vous relisez bien le chapitre 6 ni concession en matière minière ni traité commercial bilatéral avec le Rwanda", a rassuré Thérèse Kayikwamba Wagner devant la presse.

Et de poursuivre :

"Il énonce plutôt un engagement de deux parties à œuvrer à la réactivation, ce sont des questions dont nous avons discuté, que nous discutons depuis des décennies dans la région des Grands Lacs, la réactivation des dynamiques de coopération économique régionale dans un esprit de stabilisation post conflit. Celà comprend à moyen terme la réhabilitation des axes logistiques régionaux, la relance du corridor douanier, des échanges techniques sur les zones économiques transfrontalières mais aussi il faut reconnaître ces dispositions sont volontaires, elles sont progressives, elles sont non contraignantes et elles ne sont pas liées au calendrier sécuritaire".

À la question de savoir : en  d'autres termes sur ce point économique, il n'est pas question d'avoir le Rwanda mettre la main sur les ressources de la RDC ? La Cheffe de la diplomatie Congolaise précise que la priorité c'est d'abord la paix et ensuite l'étape de développement viendra après.

"Pas du tout et ce n'est pas prévu dans cet accord, aucunement. Ce qui est important ici c'est justement le fait que cet accord s'appuie sur des efforts que nous avons déjà vu dans la région et que nous voyons dans d'autres régions de l'Afrique et au-delà, un effort d'une plus grande intégration économique qui permet justement à stabiliser à long terme mais nous sommes conscients et je pense que celà que c'est très important quand même de revenir sur cette question. Nous sommes conscients que toute intégration économique ne se fait pas dans un vide historique, dans un vide social et donc nous ne sommes pas naïfs même quand nous parlons d'intégration régionale, même quand nous parlons d'une ouverture économique, nous savons d'où nous venons", a fait remarquer ce membre du gouvernement Suminwa.

Et d'ajouter :

"Nous venons de 30 ans d'agressions, de milliers et millions de morts, des populations déplacées, pillées et violées et des minerais extraits illégalement pour alimenter des réseaux d'enrichissement illicite. Donc la coopération économique évidemment peu être un vecteur de stabilité mais elle ne peut pas être précipiter et c'est pour celà justement c'est quelque chose doit se faire de manière séquentielle, de manière graduelle, on aura toujours les voisins que nous avons et si on veut bâtir une paix durable on devra travailler avec ses voisins mais en même temps nous sommes aussi conscients de l'histoire et du poids de cette histoire et nous devons l'assumer avec responsabilité".

S'agissant du point relatif au cadre d'intégration économique et régionale, les Parties conviennent de lancer, dans les trois mois suivant l’entrée en vigueur du présent Accord, le cadre d’intégration économique régionale en plusieurs étapes qui sera défini dans un accord distinct intitulé « cadre d’intégration économique régionale », et s’appuie sur les efforts existants, tels que la ZLECAf, la CIRGL, le CO et la CAE. 

Selon toujours l'accord de Washington, les Parties utilisent ce cadre pour développer le commerce extérieur et les investissements provenant des chaînes d’approvisionnement de la région en minerais critiques et introduire une plus grande transparence, ce qui bloque les canaux économiques illicites et procure davantage de prospérité aux deux parties — en particulier pour la population de la région — à partir des ressources naturelles de la région grâce à des partenariats mutuellement bénéfiques et des opportunités d’investissement.

Clément MUAMBA