17 mai 1997-17 mai 2022: 25 ans après Mobutu, que reste t-il du vocable libération?

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17 mai 1997. Les bottes en caoutchouc défilent dans la ville. Les Kadogos sont applaudis et les militaires zaïrois sont quasiment invisibles. Les jeunes chantent « libération ». Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga est parti… par la petite porte. Lui et les membres de sa famille s’en vont d’abord à Gbadolite, ensuite à Lomé puis à Rabat. « Les mouvanciers » sont également partis. Les membres de la redoutable DSP sont aussi partis. Ils n’ont pas trouvé place dans l’avion du maréchal. La pirogue. C’est dans le creux de cet ouvrage en bois que beaucoup auront la chance de rejoindre Brazzaville voisin. 

Partout à Kinshasa, les gens chantent et dansent. Uhuru, libération, révolution. Ils se disent libérés du joug de la dictature et de la faim. Le Zaïre devient la RDC. Debout congolais remplace La zaïroise et plus tard le Franc Congolais prendra la place du Nouveau zaïre. Mais la lune de miel est de courte durée. Les fouets comme à l’époque coloniale reviennent. Les libérateurs deviennent des oppresseurs. Et Etienne Tshisekedi sent le danger venir.« Il faut libérer le libérateur », lance t-il au sujet de Laurent Kabila. La présence omniprésente du duo Rwanda-Ouganda est étouffante. Ce n’est donc pas étonnant de voir le vieux maquisard renvoyer ses anciens alliés. A la maternité de l’Est du pays pas très loin du Rwanda…le RCD est né. Pour beaucoup Kagame en est le père…Pour certains médias européens à l’époque, il n’en est que le parrain.

Le deuxième round de la guerre du Congo commence. Kabila crie sur tous les toits du monde que le pays est agressé, mais sa voix est à peine audible. Les villes tombent les unes après les autres. Les vies sont fauchées. L’Etat est en déliquescence. La démocratie annoncée est une belle promesse, mais tellement lointaine. Les chants à la gloire de Mobutu sont remplacés par le culte à l’endroit du Mzee, du soldat du peuple. Les médias privés et les entreprises publiques sont réquisitionnés. Ils doivent participer à l’effort de guerre. Entre-temps, le peuple souffre et souffre encore. Le rêve vire au cauchemar. La capitale du viol est localisé quelque part au centre de l’Afrique et le monde regarde au loin.

Laurent Kabila est assassiné le 16 janvier 2001. La suite appartient à l’histoire. Pour certains, la prophétie ou la malédiction de Mobutu fait encore effet: « après moi, c’est le déluge ». 25 ans depuis que le dictateur est parti. La moitié d’un demi-siècle est passée. Le pays est toujours dans les profondeurs des classements mondiaux. Et le monde nous regarde toujours avec pitié. Ce n’est pas hasard que le chapitre réservé à la RDC à l’édition 2022 de l’Atlas géopolitique mondiale est intitulé: Exploitation des mines et des enfants . Oui, certains crieront au Congo Bashing. Soit!