RDC : l’Actualité de la semaine, vue par Joséphine Ngalula

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Collecte de fonds et mobilisation pour les populations déplacées de Goma, débat sur la "congolité", prorogation de l'état de siège, annonce officielle de la troisième vague covid-19, … la semaine qui s’achève a été riche en évènements. Joséphine Ngalula, cofondatrice de CAFCO et Cause Commune passe au crible les faits marquants de l'actualité.

Bonjour Madame Ngalula Joséphine et merci de répondre à nos questions.  Aux côtés du PAM, et de la Première Dame, la CENCO et l'ECC, plusieurs autres organisations se sont engagées pour la même cause. Quelle lecture faites-vous de cette mobilisation ? 

Joséphine Ngalula : cette mobilisation est l'élan de solidarité que j'apprécie énormément. Cette solidarité n'est pas que matérielle, elle est  aussi psychologique. Nous participons à cette solidarité au niveau de nos différentes ONG dont FORFEM (Forum de la Femme ménagère au Nord-Kivu). 

Il y a des déplacés qui commencent à retourner dans leurs quartiers sans l'aval des autorités. Selon vous, qu'est-ce qui motive ce retour ? Quelle devrait être la réaction des autorités de la province selon vous ?

Joséphine Ngalula : il y a un adage qui dit que l'on est mieux que chez soi. Les conditions dans un lieu inhabituel ne sont pas toujours favorables. Cependant par mesure de prudence, je conseillerais à mes compatriotes d'obtempérer aux orientations des autorités qui évaluent régulièrement le risque. Les autorités doivent sensibiliser sur le danger de ce retour sans leur aval, ensuite, elles doivent évaluer les conditions des lieux d'accueil pour assurer à la population, le minimum qui puisse les retenir encore en ces différents sites.

Bientôt un mois depuis la déclaration de l'État de siège dans les territoires du Nord-Kivu et de l'Ituri. Quel bilan faites-vous de cette opération ? 

Joséphine Ngalula : tout d'abord, la déclaration de l'État de siège est un acte de responsabilité et de volonté politique pour mettre un terme à l'insécurité dans cette partie du pays.  La nomination des autorités militaires et policières dans la gestion des provinces a été accueillie avec enthousiasme par les populations, la reddition de quelques groupes armés est un succès qui inspire la restauration de l'autorité de l'État. Il est vrai que les tueries continuent, mais le renforcement des mécanismes de communication entre les autorités et les populations est une stratégie qui peut porter des fruits. 

Sur proposition du ministère de la justice, la prorogation de l'État de siège à été adoptée par les bureaux de l'Assemblée nationale et du Sénat. Selon la société civile locale, aucune action concrète n'a été réalisée dans leurs provinces. Dans les localités de Boga et Tchabi en Ituri, plus de 50 personnes ont été tuées. Selon vous, quelles stratégies faudrait-il encore mettre en place pour le rétablissement de la paix dans cette région ? 

Joséphine Ngalula : il est nécessaire de renforcer les mécanismes de collaboration entre population et autorités locales et provinciales, de sensibiliser à la dénonciation des mouvements suspects, de créer et entretenir le cadre de concertation en nommant les chefs de chaque 10 maisons des rues, en procédant à l'identification des différents carrés miniers et leurs responsables, afin d'engager des pourparlers pour une exploitation future gagnant- gagnant. 

La troisième vague de Covid-19 a été déclarée en RDC, avec un variant indien plus dangereux que les précédentes vagues. Quelles dispositions prendre cette fois pour une riposte efficace mais également pour contourner l'impact sur l'économie et le secteur de l'enseignement ?

Joséphine Ngalula : renforcer la sensibilisation sur les mesures existantes en instaurant la sanction. Renforcer les mesures de suivi pour éviter de fermer les écoles et freiner les activités économiques.

Que pensez-vous du débat actuel sur la "Congolité"?

Joséphine Ngalula : en lisant nos différentes Constitution depuis l'avènement de l'indépendance,cette disposition figure notamment dans la constitution de 1967, ne peut briguer la magistrature suprême que les congolais de père et de mère. A l'époque, il y a eu des soulèvements et protestations comme actuellement. Je pense que la crainte qu'éprouvent les tenants de la thèse de "congolité", est de voir une personne à la tête du pays qui sera en difficulté de prendre de décisions devant des situations de conflits entre son pays d'origine et celui d'adoption ou encore, entre le pays de provenance de l'un des parents et celui dont il a la direction.

Le nouvel entraîneur des Léopards Héctor Raúl Cúper a signé officiellement son contrat avec la RDC, dimanche 30 mai, à Kinshasa. Qu'attendez-vous de son mandat à la tête de l'équipe nationale de football ?

Joséphine Ngalula : voir notre équipe nationale devenir champion du monde au Qatar en 2022

Les Léopards dames de handball vont également participer à la Coupe d’Afrique des Nations du 10 au 20 juin  à Yaoundé au Cameroun. Que leur souhaitez-vous ?

Joséphine Ngalula : plein succès aux léopards dames. Nos prières les accompagnent, qu'elles soient en tête. 

Un dernier mot ?

Joséphine Ngalula : je bénis le Seigneur pour une RDC avec un Président craignant Dieu, attentif, soucieux de la promotion du genre, et proche de la population, avec une volonté politique pour un État des droits et soucieux de la paix, de la sécurité et du développement de son pays.

Joséphine Ngalula a mené plusieurs plaidoyers qui ont contribué à l'avènement des lois notamment l'article 14 de la constitution, loi sur les violences sexuelles, sur la protection de PVV et PA, loi cadre de la Santé à travers les droits sexuels et autres.

Propos recueillis par Prisca Lokale