RDC : ce que l’on peut dépenser pour se faire soigner du paludisme

Une officine de pharmacie à Kinshasa/Ph. ACTUALITE.CD

Selon les dernières études de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 800 millions de personnes consacrent au moins 10% de leur revenu familial aux soins de santé. A cet effet,  le Desk santé d’Actualité.CD s’est rendu ce jour dans des centres de santé, et pharmacies des quartiers dans la ville de Kinshasa, afin de savoir ce que peut coûter  la prise en charge du Paludisme.

Dans la commune de Lingwala sur l’avenue Kalembelembe, dans le centre de santé La Grace, au moins 100.000FC (50 dollars), sont demandés pour soigner cette maladie qui reste la première cause de mortalité en RDC.

« Nous enregistrons au moins 4 cas de paludisme par jour ici, et pour la plupart ce sont des enfants de plus ou moins 5 ans. A part la fiche qui coûte 2000 Fc, la consultation et le diagnostic, la prise en charge du paludisme coûte jusqu’à 100.000FC (50 dollars) », nous a dit une infirmière trouvée sur place.

Un peu plus loin, sur l’avenue de la Libération (ex-24 Novembre), dans la même commune, au centre de santé d’Urgence, au moins 20 cas de paludisme sont détectés par jour. 

« Nous sommes un centre conventionnel, nous travaillons en partenariat avec les entreprises de sécurité, et nous soignons leurs agents. Par jour, nous recevons au moins 20 cas de paludisme, enfants et adultes. Mais nous ne pouvons pas déterminer combien coûte la prise en charge parce que le responsable du centre amène un stock de médicaments et on soigne directement sans taxer, vu que c’est un partenariat », a dit Marie, l’infirmière trouvée sur place.

D’une commune à une autre, le centre de santé Espérance se trouve dans la commune de Kinshasa. Là, une dizaine de personnes sont assises sur le banc, les uns attendant d’être reçu pour être consultés, d’autres attendant d’être soignés.

« Je me suis fait diagnostiquer du paludisme, il y a deux jours, et je suis un traitement qui me coûte au moins 150.000FC, sans compter les frais de transport et d’autres besoins qui entrent en compte », a dit Serge, la trentaine révolue.

Dans des officines, les médicaments contre le paludisme sont vendus selon les « classes sociales ». Pour Serge Madila, le pharmacien trouvé dans une officine  sur l’avenue de la Libération dans la commune de la Gombe, le médicament contre le paludisme le moins coûteux pour enfant est à 2000 FC.

« C’est les antipaludiques pour enfant qui coûtent plus cher que ceux pour adultes. Pour enfant, le moins cher coûte 2000 FC tandis que pour adulte cela coûte 500 FC. Et le plus cher coûte 14.000FC, sans compter les antibiotiques et les vitamines qui accompagnent cela, ça peut arriver à 26.000 FC. Je pense que ça dépend des classes sociales, parce que chez nous, la plupart des personnes qui viennent n’achètent que les médicaments qui coûtent cher », a-t-il dit. 

Bien que la majorité des clients de cette officine soient de la haute classe, il y en a également de classe moyenne qui viennent, et cette fois-ci sans ordonnances médicales et pour chercher le produit le moins coûteux. 

« Dans ce cas, nous leur faisons passer un test de diagnostic rapide (TDR) pour être certain que c’est vraiment le paludisme avant de vendre les produits. Pour la plupart, ce sont des personnes des classes moyennes qui viennent sans ordonnance. Le TDR coûte 1000 FC, et les gens acceptent de le passer sans problème », a ajouté le pharmacien.

Mimy est assise derrière une table des chaussures qu’elle vend, pour elle « la santé n’a pas de prix ». 

« Je ne pense pas qu’il y ait un prix pour la santé. Souvent, l'argent que je dépense pour les soins médicaux ne peut pas toucher à mon commerce. La fiche, c’est à peine 2000FC là où je me fais soigner, et si le diagnostic confirme que j’ai la malaria, on me prescrits les médicaments et je vais les  acheter à la pharmacie pour moins de 25.000FC, même si c’était plus, rien ne m’aurait empêché de me faire soigner ou faire soigner ma famille », a-t-elle dit.

Ce n’est pas le cas de Julie qui, avec ses fruits, ne parvient à aller chez le médecin, mais achète elle-même ses antipaludiques dès qu’elle a une fièvre.

« Si je ne vends pas, personne d’autre ne le fera, et mon commerce ne me rapporte pas grand-chose, et comme je connais mon corps, dès que je ne me sens pas en forme, je vais acheter quelques médicaments contre la malaria que j’ai l’habitude de prendre. Je ne dépasse pas 10.000 FC pour cela, et je me sens toujours mieux après avoir pris ça », a dit Julie

Les dernières données du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) montre une progression des cas durant les deux dernières années. En 2019, la RDC a enregistré 21.934.127 cas de paludisme, et 13.072 décès dont 9.855 enfants âgés de moins de 5 ans, soit 75%. Tandis qu’en 2020, le pays a enregistré plus de 22 millions de cas de malaria et 14.371 décès.

Thérèse Ntumba