Sommet UE-UA : les deux parlements signent une déclaration conjointe saluant notamment l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda 

 Younous Omarjee et Fortune Charumbira

Younous Omarjee et Fortune Charumbira

C’est pour la première fois que les parlements européen et panafricain parviennent à une déclaration commune sur les questions de deux continents, dont la guerre en Europe, entre l’Ukraine et la Russie, ainsi que l’insécurité au sein du continent africain, notamment en République démocratique du Congo. Le 27 juin dernier, un accord de paix a été signé entre le Rwanda et la République démocratique du Congo à Washington. Bien que cette signature, l’écart demeure énorme entre la réalité sur terrain et les prescrits du document. 

Si Washington se félicite d’avoir mis fin à la crise dans l’est congolais, les affrontements continuent cependant sur terrain entre les rebelles de l’AFC/M23 et  les forces armées de la RDC appuyées par les wazalendo. En novembre en cours, le gouvernement congolais a signé un accord-cadre à Doha avec les rebelles, prévoyant un cessez-le-feu, qui malheureusement peine à avoir un impact sur terrain. 

Ce lundi 24 novembre en marge du 7ème sommet de l’Union européenne et l’Union africaine à Luanda, capitale angolaise, le parlement européen représenté par Younous OMARJEE, son vice-président et le parlement panafricain, représenté par son président Fortune Charumbira, ont rendu public une déclaration conjointe, saluant la signature du récent accord entre les deux pays. Cette déclaration commune s’inscrit, selon les deux représentants, dans l’engagement de deux parlements de soutenir les processus de paix au sein notamment du continent africain. 

« Nous réaffirmons le principe selon lequel l’Afrique doit rester maîtresse de son territoire et de ses processus de paix, conçus et conduits par les Africains eux-mêmes, avec l’appui d’un financement équitable et prévisible. À cet égard, le Fonds européen pour la paix doit être pleinement mobilisé et garantir une transparence ainsi qu’une reddition de comptes renforcées. Nous saluons par ailleurs le récent accord de paix entre le Rwanda et la RDC, un engagement qui met un terme au conflit en RDC et ouvre la voie pour que la population de ce pays puisse vivre dans la paix et la sérénité », indique la déclaration lue par le représentant du parlement panafricain lors d’une conférence conjointe organisée en marge du sommet EU-UA. 

Pour sa part, le président en exercice de l’Union africaine, João Lourenço a, lors de son discours d’ouverture du sommet, tiré la sonnette d’alarme sur la crise de guerre qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo. A ce jour, d’importantes zones des provinces du Nord et Sud-Kivu demeurent sous le contrôle de l’AFC/M23. L’Angola a au départ hébergé le processus inachevé entre Kigali et Kinshasa.  

« L’Union africaine, quant à elle, doit faire face à une succession de changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest et tout récemment à Madagascar, pays de la SADC, ainsi qu’au terrorisme au Sahel, en Somalie et au Mozambique, et à la guerre au Soudan et dans l’est de la République démocratique du Congo. Dans ces deux derniers cas, il existe un danger de sécession si aucune mesure efficace n’est prise pour mettre fin au conflit et instaurer une paix durable », a-t-il déclaré. 

Du côté parlement européen, Younous OMARJEE salue le partenariat intensifié entre les deux parlements sur les questions de deux continents. Il indique qu’il n’y a absolument aucune paix sans un rétablissement de paix et croit à la nouvelle alliance entre l’Union européenne et l'Union africaine pour résoudre ces défis. 

« Il n’y a pas d’horizon pour le développement sans une paix et une sécurité durable. Le parlement européen comme parlement panafricain, avec la force de leurs élus et de peuples, nous travaillons évidemment pour la paix sur le continent européen qui retrouve aujourd’hui la guerre et sur le continent africain traversé par de nombreux conflits. Nous avons là encore des intérêts qui sont encore communs et en réalité dans cette crise de multilatéralisme, comme l’a indiqué le président Macron, les pays africains comme les pays européens sont ceux qui sans doute sont les plus attachés à l’ordre international et à un certain principe permettant de gouverner le monde », indique-t-il. 

A l’issue de ce sommet, l’Europe se positionne comme partenaire fiable et historique pour accompagner les pays africains dans la résolution de conflits. La présidente de la commission de l’Union européenne, Von der Leyen, l’a souligné lors de son discours d’ouverture. 

L’UE veut reconquérir l’influence sur le continent à travers ce sommet, face à la Chine, la Russie et les puissances du Golfe. Le sommet intervient dans un contexte où la Chine par exemple contrôle déjà une grande partie des infrastructures africaines, la Russie renforce sa présence sécuritaire, la Turquie et les pays du Golfe investissent massivement.

Pour l’UE, il y a urgence à ne pas perdre totalement la compétition stratégique mondiale. Ce sommet est une volonté politique destinée à montrer que l’UE reste un acteur incontournable, rappeler que l’Europe demeure le premier partenaire commercial et le premier investisseur en Afrique.

Jean-Baptiste Leni, envoyé spécial à Luanda, en Angola