Est de la RDC: OCHA alerte sur l'accès humanitaire “extrêmement” limité, voire “quasiment impossible” aux zones de santé de Minembwe, Itombwe et Hauts plateaux 

Les habitants de Minembwe dans le territoire de Fizi
Les habitants de Minembwe dans le territoire de Fizi

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a tiré la sonnette d'alarme sur l'accès humanitaire "extrêmement" limité, voire quasiment impossible aux zones de santé de Minembwe, Itombwe et Hauts Plateaux, au Sud-Kivu, dans l'Est de la République Démocratique du Congo.

Alors que la rébellion de l’AFC/M23 soutenue le Rwanda continue de s'affronter avec les FARDC et ses alliés, OCHA exhorte toutes les parties à lever les restrictions pour permettre la reprise des opérations humanitaires et vitales dans la région.

"Le blocage des routes et l’interdiction d’accès aux acteurs humanitaires entraînent des conséquences humanitaires critiques pour les populations civiles. Selon les estimations de la Commission Mouvement de Population du Sud-Kivu en octobre 2025, près de 172 0001 personnes déplacées et retournées seraient actuellement enclavées et privées d’accès aux biens essentiels et à l’assistance humanitaire dans la zone de santé de Minembwe. Parmi elles, figurent plus de 1 000 ménages déplacés provenant de l’ancien site de déplacés de Mikenge, contraints à un nouveau déplacement vers Minembwe à la suite des violences de mars 2025", rapporte OCHA dans son bulletin dévoilé lundi 24 novembre.

Selon le même document, le système de santé est au bord de l’effondrement. Plusieurs structures font face à une rupture prolongée des médicaments et intrants médicaux. À l’Hôpital Général de Référence de Minembwe, la situation est particulièrement alarmante. 

"Entre juillet et septembre 2025, plus de 60 % des décès enregistrés (25 sur 40) concernaient des enfants. La létalité parmi les cas de malnutrition aiguë sévère (MAS) atteint 29 %, avec 16 décès sur 55 enfants admis, selon les données communiquées par les responsables de l’hôpital. Le blocage des routes a également entraîné une rareté des produits de première nécessité et une flambée des prix, exposant la population à un risque imminent d’insécurité alimentaire grave. À titre illustratif, le prix du kilo du sucre est passé de 5 000 FC en janvier 2025 à 30 000 FC en octobre 2025, tandis que le sac de 25 kg de farine de manioc est passé de 15 000 FC à 50 000 FC sur la même période", ajoute OCHA.

Malgré l’insécurité et les contraintes d’accès, quelques organisations humanitaires poursuivent des activités à distance, en attente d’un accès sécurisé permettant l’acheminement des intrants. Des stocks vitaux (médicaments, intrants nutritionnels, kits AME2, fournitures scolaires, articles EHA3) sont prépositionnés à Baraka, Uvira et Bukavu. 

"Les acteurs humanitaires planifient une mission d’accès d’urgence sur l’axe Uvira–Luvungi–Baraka–Fizi–Minembwe, combinée à une évaluation rapide multisectorielle (ERM) des besoins, afin de faciliter l’acheminement de l’assistance aux populations affectées. Les équipes restent prêtes à déployer dès que les acteurs armés auront formellement fourni des garanties de sécurité nécessaires pour le mouvement des acteurs humanitaires", souligne le rapport de OCHA.

Contexte 

Les analyses de sévérité des contraintes d’accès menées par OCHA au deuxième et troisième trimestres 2025 ont montré que les acteurs humanitaires considèrent désormais l'accès aux zones de santé de Minembwe, Itombwe et Hauts Plateaux comme extrêmement limité, voire quasiment impossible. Depuis janvier 2025, ces zones connaissent une intensification des affrontements armés selon les rapports disponibles. Cette dynamique a entraîné plusieurs incidents graves, notamment des attaques contre les civils et le pillage d'au moins deux structures de santé par des éléments armés, selon des sources humanitaires.

Depuis mai 2025, la zone est soumise à un isolement quasi-total. Les principaux axes logistiques, notamment l’axe Fizi–Lusuku–Point Zéro–Mikenge–Minembwe, sont fermés en raison de la présence d’acteurs armés. Des restrictions sévères ont été imposées, limitant l’accès des commerçants et des organisations humanitaires. Des menaces rapportées ont conduit au retrait de plusieurs ONG. 

En juin 2025, des lots de médicaments destinés à approvisionner les structures de santé dans les zones de santé de Minembwe et Itombwe ont été bloqués à Mulima (45 km au nord de Fizi centre) pendant environ deux mois. Lors d’une mission d’accès conduite par OCHA en août 2025 à Point Zéro, les acteurs armés rencontrés ont réaffirmé leur refus de tout accès humanitaire, selon le compte rendu de mission.

Clément Muamba