Différentes confessions religieuses se sont réunies ce samedi à Goma lors d’une rencontre interreligieuse organisée par la Communauté de Sant’Egidio, sous le thème « Oser la paix ». L’événement a rassemblé plusieurs leaders religieux et communautaires, parmi eux des représentants catholiques, musulmans, anglicans, protestants et d’autres confessions, tous unis autour d’un même idéal : encourager la paix dans une région profondément marquée par des décennies de conflits.
Selon Madame Aline Minani, membre de la Communauté de Sant’Egidio, la paix demeure un chantier collectif qui requiert une responsabilité universelle. Elle a souligné que cette initiative interreligieuse visait à renforcer la participation de tous enfants, jeunes et adultes dans la reconstruction d’une société fondée sur la paix et la fraternité.
« Nous sommes ici, en ce lieu, en cette journée qui sort de l’ordinaire, parce qu’on a pu faire quelque chose qui a rassemblé tant d’hommes et de femmes, ainsi que différents représentants des confessions religieuses de notre ville, pour parler et écouter le message de paix. Un message qui nous donne encore le courage d’espérer à une paix durable.Vu la situation actuelle, nous avons besoin de ce genre d’initiatives, et il faut toujours continuer à le faire, car la population a besoin de paroles qui font croire que la paix est toujours possible. Chaque jour où nous faisons quelque chose pour rassembler les hommes et les femmes afin de parler de la paix, c’est déjà un pas vers la paix. Nous ne nous résignons pas à croire que la paix est une idéologie ou une utopie, mais une réalité. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous avons trouvé important de rassembler les leaders religieux pour parler de la paix et surtout écouter leurs messages », a-t-elle fait savoir.
Au cours de la rencontre, plusieurs prises de parole ont convergé vers le même message. Le père Chrisostome Paluku, représentant de l’Église catholique orthodoxe, a insisté sur la nécessité de privilégier la paix plutôt que la guerre. Il a rappelé que la dignité humaine devait être placée au centre de toute action, et que le Nord-Kivu, meurtri depuis trop longtemps, devait devenir un symbole de paix et de réconciliation pour l’ensemble de la région des Grands Lacs.
« Le grand message que nous venons de retenir ici, c’est un appel à bâtir la paix, tant voulue par toute l’humanité universelle. Moi, j’ose croire que notre présence, nous les hommes de Dieu, était très importante et capitale, parce que la paix est une affaire essentielle voulue par Dieu.
En créant l’homme, Dieu a toujours voulu qu’il puisse vivre en paix, et l’on ne peut pas accéder au salut si le corps n’est pas paisible. C’est la raison pour laquelle notre présence était très capitale, afin de manifester notre souci pour la paix de la population chrétienne dont nous sommes les guides.
À toute la population qui a participé à cette rencontre, je dis vraiment merci et j’invite tout le monde à mettre en application tous les messages véhiculés à travers cette rencontre, et que le monde entier cultive la culture de la paix », a-t-il déclaré.
De son côté, le révérend représentant de l’Église anglicane au Nord-Kivu a réaffirmé l’engagement de son Église en faveur du vivre-ensemble. Il a rappelé qu’entre 2021 et 2025, plus de 600 leaders religieux et communautaires avaient été formés par l’Église anglicane du Congo pour œuvrer à la consolidation de la paix à travers tout le pays.
La cérémonie s’est clôturée sur une note symbolique : une trentaine d’enfants de l’École de paix Floribert Bwana Chui Bin Kositi, située dans le quartier Mugunga, ont distribué des papiers et affiches portant un seul message, l’appel à la paix, illustrant le lien entre les générations passée, présente et future dans la construction d’un avenir harmonieux.
La province du Nord-Kivu reste secouée par la guerre opposant les forces loyalistes aux rebelles de l’AFC/M23. Pour rappel, le 12 février dernier, les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) avaient présenté à Goma leur plan de sortie de crise sécuritaire aux représentants de ces groupes armés, dans le cadre du « Pacte social pour la paix et le vivre-ensemble en RDC ».
Josué Mutanava, à Goma