Chiffré à hauteur de 2,54 milliards USD, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la République Démocratique du Congo reste sous financé. D'après les récents chiffres des organisations humanitaires, le plan n'est financé qu'à ce jour à hauteur de 14 et 16% à moins de trois mois de la fin de l'année.
Alors que la France organise une conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs avec un accent particulier sur la situation humanitaire en RDC, Jérémy Robert, conseiller Afrique du Président Français Emmanuel Macron espère mobiliser un financement qui soit proche de 100% en vue de soulager les souffrances des populations dans l'Est congolais.
« On ne se fixe pas d'objectifs clairs. On a un objectif un peu caché et qu’on n’a pas envie de dévoiler maintenant. L’indicateur de réussite, ça sera avoir une mobilisation financière la plus importante possible, et c’est ça l’indicateur de réussite. Dans chaque crise humanitaire, c’est clairement les financements qu’on peut recueillir et passer de 14 % à un pourcentage qui soit le plus proche possible, des 100 %. On n’y sera pas à 100 %, mais en tout cas qu’on puisse monter le plus haut possible, parce que derrière ça, c’est des associations, c’est des ONG, des organismes des Nations unies qu’on finance et ce sont des vies qui seront sauvées », a indiqué mardi 28 octobre, Jérémy Robert, conseiller Afrique d’Emmanuel Macron au cours d'un briefing de presse à Paris.
La conférence de Paris vise surtout à montrer qu'il n'y a pas de crise oubliée, surtout pas ce qui se passe en RDC et dans les Grands Lacs africains, d’après les organisateurs.
"Vous savez qu'il [E. Macron] a entrepris de nombreux efforts discrets depuis l'approfondissement de la crise au début de cette année, en appelant à plusieurs reprises, en rencontrant à plusieurs reprises les présidents Tshisekedi et Kagame. Mais ses efforts ne datent pas de cette année, ils s'étaient illustrés dans le passé et il y a vraiment un attachement très fort du Président de la République au retour de la paix dans la région des Grands Lacs et vraiment de montrer qu'il n'y a pas de crise de seconde zone. Il n'y a pas les crises telles que l'Ukraine ou Gaza et les Grands Lacs, il y a toutes ces crises qui mobilisent la France, qui doivent mobiliser la communauté internationale et qui mobilisent le président de la République. L'autre aspect, c'est de mettre un focus sur la composante humanitaire. La crise des Grands Lacs et la crise en RDC singulièrement est d'abord une crise humanitaire. C'est une crise sécuritaire mais qui a des composantes humanitaires considérables », a expliqué Jérémy Robert.
Lancé en février dernier par le gouvernement et la communauté humanitaire, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la RDC est chiffré à 2,54 milliards de dollars américains. Cette enveloppe cruciale vise à fournir une aide vitale à 11 millions de personnes dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies.
Le lancement du Plan de réponse aux besoins humanitaires pour la RDC (2025) intervenait dans un contexte particulier de polycrise multidimensionnelle d’une ampleur inédite, qui combine trois éléments déstabilisateurs majeurs : d’une part une spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika ; d’autre part la présence d’une autorité de facto dans des zones clés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux provinces où les besoins humanitaires sont très importants ; et enfin une crise majeure du financement de la réponse humanitaire.
Cette Conférence intervient dans un contexte marqué par la réduction drastique du plan de l'ONU d’aide humanitaire mondial pour l’année 2025, en raison des « coupes budgétaires les plus importantes jamais opérées ». Le nouveau plan de 29 milliards de dollars pour 2025, contre les 44 milliards demandés à l’origine, doit « hyper-prioriser » l’aide pour 114 millions de personnes, selon un communiqué du Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA) rendu public lundi 16 juin 2025.
Cette baisse considérable de l’aide intervient alors que les conflits dans le monde se multiplient, certaines zones étant particulièrement vulnérables, à l’instar du Soudan, de la République démocratique du Congo, du Myanmar ou de Gaza, qui est confrontée à un risque « critique » de famine, selon un rapport paru en mai dernier.
Clément MUAMBA