RDC : déjà plus de 300 condamnations à mort depuis la levée du moratoire

Les prévenus dans l'affaire coup d'Etat manqué
Les prévenus dans l'affaire coup d'Etat manqué

L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) dénonce, dans un communiqué publié ce mardi, la multiplication des condamnations à mort en République démocratique du Congo depuis la suspension du moratoire sur les exécutions en 2024. Plus de 300 condamnations ont été prononcées en un an et demi, selon l’organisation, dont celle de l’ancien président Joseph Kabila, condamné à mort par contumace le 30 septembre dernier.

Le moratoire, instauré en 2003 sous la présidence de Joseph Kabila, avait gelé les exécutions pendant plus de vingt ans. En mars 2024, le gouvernement de Félix Tshisekedi a officiellement rétabli la peine capitale, invoquant la lutte contre la trahison, le terrorisme et la criminalité armée. Depuis, les juridictions militaires ont condamné des soldats accusés de « fuite devant l’ennemi », des opposants politiques, ainsi que des civils soupçonnés d’appartenir à des groupes criminels.

L’ACAT et plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent une « justice instrumentalisée », rappelant que la majorité des procès ont eu lieu sans avocat, dans des conditions ne respectant pas les standards internationaux. La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a pour sa part condamné la décision de la Haute Cour militaire, la qualifiant de « violation du droit à la vie ».

Human Rights Watch évoque une « stratégie calculée » pour écarter un adversaire politique, tandis que l’ACAT redoute un recul majeur dans la lutte mondiale contre la peine de mort.

Aucune exécution n’a été confirmée à ce jour, mais pour l’ONG, la RDC « ouvre une page sombre de son histoire judiciaire » en rompant avec deux décennies de suspension des exécutions.