Cadre d’intégration économique régionale: contrairement à Washington, Paris prévoit de présenter un plan d'action au-delà de Kinshasa-Kigali

Carte des limites de la RDC et ses voisins

Au-delà de la situation humanitaire, la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, prévue ce jeudi 30 octobre à Paris, en France, va également aborder la question relative à l’intégration économique régionale comme vecteur essentiel d’une paix durable.

Jérémy Robert, conseiller Afrique du Président Emmanuel Macron a, au cours d'un briefing de presse ce mardi 28 octobre à Paris, fixé l'opinion sur la démarche de son pays. Pour lui, le volet économique est une des dividendes de la paix au-delà des aspects humanitaires de la crise dans la région des Grands Lacs. 

"C'est en fait se poser dans la phase de dividendes de paix et de réaffirmation d'un soutien international, pas seulement aux dynamiques humanitaires mais aux dynamiques économiques régionales dans une posture de dividende de paix. Il y a des projets que je ne vais pas vous dévoiler, mais qui sont des projets régionaux qui pourraient bénéficier à la région, notamment en termes d'accès à l'électricité. L'objectif, c'est d'avoir un soutien international aussi à ces projets là", a expliqué Jérémy Robert, conseiller Afrique du Président Emmanuel Macron.

En quoi est-ce que le cadre régional d’intégration économique proposé par les USA est-il différent de ce que prévoit la France ? Ce proche collaborateur d'Emmanuel Macron répond :

"Le cadre américain, c'est un cadre bilatéral entre le Rwanda et la RDC dans le cadre de leur médiation entre les deux pays. Ce que nous, on propose, ce n'est pas un cadre, c'est un plan d'action, un plan de soutien des partenaires internationaux aux dynamiques régionales qui dépassent ces deux pays-là. Donc c'est ça, l'objectif. Après, c’est complémentaire et ce n'est pas du tout en duplication et c'est surtout une première étape parce qu'il y aura besoin certainement davantage de réunions et davantage de soutien pour favoriser toutes ces synergies", a soutenu Monsieur Afrique de l'Elysée. 

D’après une source diplomatique proche du dossier, Paris proposerait un cadre plus élargi calqué sur le modèle de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CPGL) qui prendrait en compte également l’Ouganda et le Burundi. Et l’intégration économique pourrait porter par exemple sur la revue à la baisse des frais douaniers en plus du projet d’un barrage hydroélectrique sur la rivière Ruzizi 2, etc. 

Le texte, appelé Cadre d’intégration économique régionale (CIER), a pour objectif de jeter les bases d’une coopération renforcée dans plusieurs secteurs : exploitation minière, infrastructures, énergie, développement industriel, industrie agroalimentaire, santé publique et tourisme transfrontalier. Il s’inscrit dans la continuité de la Déclaration de principes signée le 25 avril 2025 à Washington par les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais, et dans le prolongement de l’accord de paix conclu le 27 juin 2025 à Washington DC aux États-Unis d'Amérique. 

Le CIER, présenté comme une plateforme dynamique de coopération, visait notamment à formaliser l’exploitation minière artisanale, renforcer la transparence et la traçabilité des minerais, développer des infrastructures régionales (notamment dans le cadre du corridor de Lobito soutenu par les États-Unis), accroître les capacités de production et de transformation des minerais, et promouvoir des initiatives conjointes dans les secteurs de l’énergie, de la santé publique et du tourisme.

Il devait constituer le volet économique du processus de paix lancé le 27 juin 2025 par Washington, aux côtés des engagements sécuritaires discutés dans le cadre du MCCS.

À la dernière minute, la République Démocratique du Congo a refusé de signer l'accord portant sur le cadre d'intégration économique régionale avec le Rwanda sous médiation américaine, malgré plusieurs jours de négociations des experts à Washington qui avaient permis d’aboutir à un texte commun.

Alors que plusieurs parties prenantes au processus de Washington espéraient voir Kinshasa parapher ledit accord pour faire avancer sa mise en œuvre, le gouvernement a décidé de ralentir les pas, exigeant avant tout, le départ des troupes Rwandaises du sol congolais. Selon le porte-parole du gouvernement de la RDC Patrick Muyaya, la paix, la stabilité et la souveraineté sont des conditions préalables à tout cadre économique durable.

Clément MUAMBA