Lubero : accalmie à Manguredjipa au lendemain d’une attaque des ADF ayant fait six morts, mais les activités tournent au ralenti ce mercredi

Manguredjipa
Manguredjipa

Un calme précaire s’observe ce mercredi 29 octobre, dans la localité de Manguredjipa au lendemain d’une attaque des combattants d’Allied Democratic Forces (ADF), repoussée par la coalition FARDC-UPDF dans ce chef-lieu du secteur de Bapere (territoire de Lubero).

Selon Samuel Kakule Kagheni, président de la société civile de Bapere joint par ACTUALITÉ.CD, les activités tournent tout de même au ralenti. Plusieurs commerçants n'ont pas ouvert leurs boutiques et officines pharmaceutiques, tandis que de nombreuses écoles sont restées fermées. Plusieurs parents ont préféré ne pas envoyer leurs enfants à l'école.

Une psychose règne encore au sein de la population après l’attaque qui a coûté la vie à six personnes, dont cinq civils et un militaire des FARDC. Un milicien wazalendo a également été grièvement blessé. Ce bilan, encore provisoire, pourrait évoluer, selon plusieurs sources locales.

« Il y a une petite accalmie qui règne dans la zone, mais elle n’est pas encore totale, car il y a toujours une petite psychose : on ne sait pas quelle direction l’ennemi a prise. C’est cette psychose qui règne dans le chef de la population depuis hier soir. Ce matin, on avait un bilan de six personnes décédées, dont cinq civils et un militaire des FARDC, ainsi qu’un blessé Muzalendo admis à l’hôpital général. Hier, c’était le jour du marché ; aujourd’hui, il n’y a pas eu cours, car la psychose règne encore. On attend peut-être une amélioration, nous allons voir l’évolution de la journée mais plusieurs activités tournent vraiment au ralenti, surtout les activités scolaires », a-t-il fait savoir.

Et d'ajouter :

« Le message que nous adressons aujourd’hui aux autorités, en particulier à notre armée, c’est d’intensifier les opérations sur le terrain. Il faut que ces opérations soient plus soutenues, car l’ennemi n’attend pas d’être attaqué, c’est lui qui passe à l’offensive. C’est pour cela que nous demandons à nos forces de redoubler d’efforts pour mettre fin à ces attaques contre la population paisible.

Nous appelons également la population à la vigilance. Il est fortement déconseillé de s’aventurer trop loin dans la brousse, car l’ennemi est encore en mouvement. Nous demandons à la population de permettre aux forces de sécurité de mener leurs opérations dans la zone. Une fois que celle-ci sera pacifiée, les habitants pourront alors retourner à leurs activités en toute sécurité, même dans les zones les plus reculées », exhorte-t-il.

Dans la matinée du mardi 28 octobre 2025, un groupe des ADF est arrivé par la ferme de l’opérateur économique Mulewa, située non loin de la paroisse CBCA/Malunguma, alors qu’un débordement était signalé au quartier Malunguma. Alertée, la coalition FARDC-UPDF s’est rapidement mobilisée pour repousser cette attaque.

Des échanges de tirs s’en sont suivis, les éléments de la coalition poursuivant les assaillants jusqu’en brousse. Les affrontements se sont prolongés jusqu’à Kyatembo. La population locale reconnaît le travail abattu par la coalition FARDC-UPDF qui a pu limiter les dégâts humains de cette attaque.

Les quartiers du Sud-Est de Manguredjipa, notamment Brazza, Mangingi et Matonge, se vident de leurs habitants qui se dirigent vers le centre de l'agglomération. Selon les hypothèses, les rebelles visaient le centre de santé de Malunguma, une structure sanitaire protestante de Manguredjipa.

Cette incursion est intervenue au lendemain des affrontements entre les forces coalisées (FARDC, Wazalendo et UPDF) et les ADF signalés à N’tembe, un village situé à une dizaine de kilomètres derrière Manguredjipa.

Près de 100 personnes ont été tuées au mois de septembre dernier dans deux attaques distinctes menées par les mêmes rebelles dans les territoires de Lubero et de Beni, toujours dans la province du Nord-Kivu.

Parmi ces récentes tueries, au moins 72 civils ont péri à Ntoyo, à 7 kilomètres de Manguredjipa, dans le secteur des Bapere. Une centaine de personnes ont également été enlevées.

Face à cette recrudescence des massacres contre les civils, le président Félix Tshisekedi avait profité de la tribune de la 80ᵉ Assemblée générale de l’ONU pour dénoncer les exactions commises par les groupes terroristes, notamment les ADF.

Dans son discours prononcé à New York le mardi 23 septembre dernier, le chef de l’État avait rappelé que le terrorisme demeure une menace grave pour la paix et la sécurité internationales, soulignant le lourd tribut que continue de payer l’est de la République démocratique du Congo, mais aussi l’ensemble du continent africain, face à l’intégrisme islamiste.

Josué Mutanava, à Goma