Après le PPRD, le gouvernement suspend les activités de l’ATD de José Makila, membre de la plateforme “Sauvons la RDC”

Le gouvernement de la République démocratique du Congo a décidé de suspendre les activités du parti politique Alliance des Travaillistes pour le Développement (ATD), dirigé par José Makila Sumanda, opposant et membre du Front Commun pour le Congo (FCC). Selon l’arrêté signé mardi 28 octobre 2025 par le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, cette mesure intervient à la suite de « manquements graves » reprochés à son fondateur et président national, notamment la participation au conclave des Forces politiques et sociales tenu à Nairobi (Kenya), sous la houlette de l’ancien chef de l’État Joseph Kabila condamné à mort entre autres pour participation au mouvement insurrectionnel (AFC/M23) et apologie du terrorisme.

"Le fait pour M. José Makila Sumanda de participer à cette association et de signer pour le compte de son parti constitue un acte d’adhésion à la philosophie d’agression du pays, partagée par M. Joseph Kabila Kabange; lors d’une interview accordée aux médias avant les assises de Nairobi, l’un des principaux conseillers de M. Kabila a publiquement déclaré que les objectifs de la rébellion du M23/AFC sont les mêmes que ceux de Joseph Kabila; le fait pour M. José Makila Sumanda et son parti politique ATD de rallier M. Kabila dans cette philosophie d’agression est de nature à porter atteinte à l’unité du pays, à l’intégrité du territoire, à l’ordre institutionnel démocratique et à la souveraineté de l’État faits totalement contraires aux objectifs et missions d’un parti politique", indique l’arrêté ministériel.

Le document signé par Jacquemain Shabani rappelle également les dispositions de l’article 6, alinéa 4, de la Constitution, ainsi que l’article 6 de la loi n°04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, qui imposent le respect des principes de l’unité et de la souveraineté nationale, et interdisent toute activité à caractère militaire, paramilitaire ou assimilé aux formations politiques.

La suspension des activités de l’ATD sur l’ensemble du territoire national intervient quelques jours seulement après la signification, par le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, de l’arrêté ministériel portant suspension du PPRD, le parti de l’ancien président Joseph Kabila.

Selon un document officiel consulté, l’acte, signé par Panzu Salah, greffier près le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, a été établi à la requête du Secrétaire général aux Relations avec les partis politiques. La signification a été faite au secrétaire permanent du PPRD, dont le domicile est situé au croisement des avenues Pumbu et Batetela, dans la commune de la Gombe.En raison de l’absence de résidence connue du signifié, une copie de l’acte a été affichée à la porte principale du Tribunal et une autre transmise au Journal officiel, précise le document.

Au mois d'avril dernier, le gouvernement congolais avait déjà suspendu les activités du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), formation politique de Joseph Kabila, qu’il accusait de « silence complice » face à l’agression rwandaise dans l’Est de la République.

Dans un communiqué officiel, le ministère de l’Intérieur avait dénoncé et condamné l’attitude jugée « ambiguë » de M. Kabila, sénateur à vie et autorité morale du PPRD, notamment pour n’avoir jamais condamné l’occupation d’une partie du territoire national par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23/AFC, ni dans ses déclarations publiques, ni lors de son récent séjour à Goma, une ville alors partiellement sous contrôle des rebelles appuyés par le Rwanda.

Clément MUAMBA