Massacre des civils dans le secteur des Bapere à Lubero : la coalition Lamuka fustige la compassion tardive de Kinshasa et exige un deuil national de trois jours

Photo d'illustration
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La coalition Lamuka n’a pas digéré le silence du gouvernement de Kinshasa, qui s’est tardivement exprimé sur le carnage commis par les combattants ADF, ayant fait au moins 70 morts parmi les civils dans la nuit du lundi 8 à mardi 9 septembre à Ntoyo, un village de la localité de Mahoho situé à près de 7 km à l'Est de Manguredjipa, dans le secteur des Bapere (territoire de Lubero) au Nord-Kivu.

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Prince Epenge, porte-parole de cette file de l’opposition conduite par Martin Fayulu, a dans un message parvenu à ACTUALITE.CD, haussé le ton contre la passivité de Kinshasa à agir voire à décréter un deuil national en mémoire des vies fauchées. Il exige, cependant, un deuil national de trois jours.

«Lamuka ne comprenait pas comment les massacres ont eu lieu depuis 48 heures, mais le gouvernement congolais n'a présenté ni condoléances et n'a même pas pris la peine de décréter le deuil national en mémoire de nos concitoyens massacrés, alors que le même gouvernement a trouvé le temps de condamner l'attaque de l'Israël sur Doha. Lamuka exige un deuil national de trois jours en mémoire de plus de 120 Congolais qui sont tués ce mardi 9 septembre, mais aussi exige que le gouvernement congolais mette tous les moyens en jeu pour retrouver plus de 100 Congolais qui sont enlevés par les ADF ougandais », déclare Prince Epenge.

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Par ailleurs, il peint un tableau sombre de tuerie dans le territoire d’Irumu (Ituri) entre juin et juillet dernier. L’opposant s’indigne de la facilité avec laquelle les assaillants opèrent dans un coin pourtant à forte présence militaire et des éléments de la mission onusienne pour la paix.

« Rien que pour les mois de juin et juillet 2025, dans les territoires d'Irumu, dans la province de l'Ituri, plus de 100 Congolais ont été massacrés. Lamuka exige des explications de la part du régime de Monsieur Félix Tshisekedi. Qu'est-ce qui est fait pour protéger nos concitoyens des assauts incessants des ADF ? Malgré la présence de la MONUSCO, de l'armée congolaise et de l'armée ougandaise, les ADF semblent être comme des poissons dans l'eau en train de tout balayer », a-t-il relevé.

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Réagissant comme à l’accoutumée, le prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege a condamné un massacre commis dans un vide de gouvernance sécuritaire, rejetant les processus de Washington et de Doha perçus comme solution aux problèmes. Moise Katumbi a, pour sa part, appelé Kinshasa à reconnaître d’avoir failli « à protéger le droit sacré de la vie ».

L'État Islamique Daesh revendique, lui, avoir tué  “100 chrétiens” à Ntoyo, en territoire de Lubero. Dressant un bilan de 71 personnes tuées et de six autres blessées et d’innombrables disparus, Kinshasa a condamné avec fermeté les attaques terroristes des ADF. Il promet de renforcer des moyens pour plus de protection des populations civiles et la restauration de la sécurité.

Samyr LUKOMBO