RDC : le porte-parole des FARDC et un journaliste de la RTNC suspendus après des propos jugés discriminatoires à l'égard des membres d’une communauté 

Photo ACTUALITE.CD.

Après le tollé qu’ont suscité ses propos discriminatoires le weekend dernier contre les femmes de la communauté Tutsi, qu’il a présentées comme agentes de renseignement du Rwanda en RDC, le général-major Sylvain Ekenge Bomusa Efomi, porte-parole de l’armée congolaise, est suspendu de ses fonctions.

Oscar Mbal Kahji, journaliste et directeur des informations ad interim à la radio télévision nationale congolaise (RTNC) à la présentation ce samedi-là, est également suspendu préventivement de ses fonctions « pour avoir laissé libre cours à ses propos stigmatisant la communauté Tutsi».

Dans un communiqué signé par le chef d’Etat-major général des FARDC, Jules Mwilambwe Banza, l’armée congolaise dit rejeter les allégations de M. Sylvain Ekenge, qu’elle juge « incompatibles avec les valeurs républicaines et les missions constitutionnelles dévolues au FARDC », lesquelles « ne reflètent en rien la position officielle de la RDC ».

«L'État-Major Général des FARDC réaffirme, avec pleine conviction, la détermination des Forces Armées de la République Démocratique du Congo à défendre et à protéger, avec discipline et professionnalisme, la souveraineté et l'intégrité territoriale de notre pays, ainsi que la sécurité de toutes les Congolaises et de tous les Congolais, sans aucune distinction, jusqu'au sacrifice suprême », écrit le chef des FARDC, qui appelle « à l’unité, à la cohésion et au rejet de tout discours de haine… ».

Ces déclarations qui ont provoqué une onde de choc au sein de l'opinion publique, n’ont pas seulement suscité des réactions des opposants Congolais, qui ont vu dans ces affirmations de Ekenge la politique même du gouvernement Kinshasa. Le monde extérieur a également, à travers Bruxelles, rejeté ce qu’elle a présenté comme un « discours de haine », « indigne d’un représentant officiel. » 

Maxime Prévot, ministre des affaires étrangères Belge, a exprimé son choc face aux allégations ciblant les Tutsis, estimant que la concorde nationale n’est possible qu’à partir du moment où toutes les communautés sont incluses.

«Extrêmement choqué des propos tenus aujourd’hui par le porte-parole de l’armée congolaise, le Général Ekenge, ciblant la communauté Tutsi. C’est absolument indigne de la part d’un représentant officiel. Je les condamne avec la plus grande fermeté. Tout discours de haine doit être rejeté en toutes circonstances. La concorde nationale ne peut se construire que dans un esprit d’inclusion de toutes les communautés », a écrit dimanche le diplomate Belge sur X.

Pour l'opposant Néhémie Mwilanya, ancien et dernier directeur de cabinet de Joseph Kabila, « l’appel à la haine ethnique » à l'endroit des Tutsis est un crime ». Considérant la qualité de Ekenge, M. Néhémie estime que ces déclarations traduisent «la politique du gouvernement »de Kinshasa. 

Sur la télévision nationale, samedi 27 décembre dernier, Sylvain Ekenge déclarait : «  lorsque vous épousez une femme tutsie aujourd’hui il faut faire attention », relatant, selon lui, la stratégie du Rwanda qui consiste à donner aux officiers militaires Congolais des femmes de ladite communauté dans le but de soutirer les renseignements militaires à transmettre à Kigali.

Samyr LUKOMBO