RDC : Bruno Lemarquis « choqué » par les attaques des ADF ayant fait près de 100 morts à Lubero et Beni, appelle à protéger les civils

Un village du secteur de Bapere
Un village du secteur de Bapere

Les attaques perpétrées cette semaine par les combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) dans les territoires de Lubero et Beni (Nord-Kivu), ayant causé la mort de près de 100 civils continuent de faire réagir les différents acteurs. Le coordonnateur humanitaire en RDC, Bruno Lemarquis s’est dit choqué par l’attaque brutale des ADF dans la nuit du lundi 8 au mardi 9 septembre, à Ntoyo, un village de la localité de Mahoho, situé à près de 7 km à l’est de Manguredjipa, dans le secteur de Bapere (territoire de Lubero) où au moins 72 personnes civiles ont été tuées. Selon les sources d’ACTUALITE.CD, 26 civils ont été achevés par balles à une veillée mortuaire. Le lendemain, 18 autres civils ont été tués au village de Fotodu, territoire de Beni.

« Je suis profondément choqué par la brutalité de ces attaques contre des personnes civiles sans défense. Je rappelle instamment à tous les acteurs armés que les civils ne sont pas des cibles. J’en appelle à l’obligation absolue de protéger les civils et de respecter le droit international humanitaire », a déclaré Bruno Lemarquis.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), depuis la mi-août, on observe une recrudescence des attaques des ADF, qui ont fait au moins 140 morts et entraîné des déplacements massifs et l’abandon de villages entiers.

« Les humanitaires restent mobilisés pour répondre aux besoins urgents des personnes affectées par ces violences récurrentes, mais la baisse des financements contraint de nombreux acteurs humanitaires à réduire leurs opérations essentielles pourtant vitales », a prévenu M. Lemarquis.

Ces tueries à grande échelle surviennent en dépit des multiples alertes données par la société civile et les autorités locales sur les mouvements des combattants ADF, notamment dans le secteur des Bapere.

Mwami Eugène Viringa, chef de groupement des Babika, l'un des six groupements des Bapere rapporte à ACTUALITE.CD qu'il y a quelques semaines, les autorités coutumières ont demandé aux responsables sécuritaires de mener la fouille dans les brousses situées dans les périphéries de Ntoyo, notamment à Manzamba où des paysans rapportaient des mouvements des hommes armés assimilés aux ADF « mais personne n'a agi », se plaint-il.

Il y a une semaine, un agent de sécurité basé à Manguredjipa a informé ACTUALITE.CD que les habitants ont découvert des biens de première nécessité, notamment des sachets de sel et des boîtes de conserve cachés dans un champ en périphérie de Ntoyo, évoquant des indices de ravitaillement des ADF.

Et quelques semaines après, Ntoyo est ciblé par une attaque des ADF. Des rebelles qui sont en errance dans la zone depuis une année. Selon l'armée ougandaise, Bapere accueille aujourd'hui le deuxième plus grand groupe des ADF dirigé par le commandant Abwakasi qui a érigé son camp près de la rivière Lindi, à la limite entre Bapere (Nord-Kivu) et la Tshopo. Et il opère dans le secteur à travers de sous-groupes constitué des dizaines de combattants qui se servent le plus souvent des civils comme bouclier humain.