Kinshasa : à la veille du verdict Mutamba, les femmes s’expriment

Constant Mutamba
Constant Mutamba

La Cour de cassation doit rendre son arrêt ce mercredi 27 août, dans le procès de l’ex-ministre de la Justice, Constant Mutamba, poursuivi pour le détournement présumé de 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani. Dans les rues de la capitale, les avis des femmes sont partagés, oscillant entre méfiance, soutien et neutralité.

Pour certaines, le doute n’est plus permis.

Marie-Louise Nseka, enseignante à Matete, estime que ce procès doit servir d’exemple : 

« Trop d’argent disparaît dans notre pays. S’il est reconnu coupable, il doit purger sa peine et rembourser l’État. C’est une question de dignité nationale. »

Même son de cloche du côté de Béatrice Kiala, commerçante au marché central :

« On ne peut pas tolérer que des millions disparaissent alors que nos enfants manquent d’écoles et d’hôpitaux. Qu’il assume ses actes si les faits sont avérés. »

Mais d’autres femmes plaident en faveur de Mutamba, qu’elles jugent victime d’un procès politique.

Aïcha Ngoie, étudiante en droit à l’UNIKIN, relativise :

« Ce dossier est très politisé. Si l’on veut vraiment combattre la corruption, il faut poursuivre tout le monde et pas seulement un ministre qui a osé critiquer le pouvoir. »

Christine Ago, infirmière, renchérit :

« Mutamba est jeune, brillant et dérangeant pour certains. On veut le salir pour l’écarter. La justice doit protéger les droits de la défense. »

Suzanne Mwadi, gynécologue à Ngaliema, voit en lui un symbole :

« Il incarne une génération qui ose dire non. J’espère que la Cour lui donnera raison, pour montrer que la vérité peut triompher. »

Certaines autres femmes par contre, gardent une position plus prudente.

Claudine Ntil, fonctionnaire, préfère attendre :

« Je n’ai pas d’opinion arrêtée. Nous voulons seulement que la justice soit juste, sans manipulation ni complaisance. Qu’elle dise le droit, tout simplement. »

Ce procès, ouvert le 23 juillet dernier devant la Cour de cassation, a déjà connu plusieurs rebondissements, dont la récusation de juge par la défense. Après des semaines d’instruction, le délibéré arrive à son terme.

À quelques heures du verdict, la fracture est palpable : entre les critiques sévères, les soutiens convaincus et les citoyennes neutres, les voix des femmes de Kinshasa reflètent l’attente et l’incertitude autour de l’affaire Mutamba. Le jugement attendu demain sera perçu, à tort ou à raison, comme un test majeur pour la crédibilité de la justice congolaise.

Nancy Clémence Tshimueneka