Linda Thomas-Greenfield, diplomate américaine et Ambassadrice des États-Unis auprès des Nations-Unies a exprimé la “déception” de son pays quant à l'absence de mention du Rwanda et de son rôle de déstabilisation dans l'Est de la République Démocratique du Congo dans la résolution renouvelant le mandat de la Monusco d'une année.
Dans son intervention vendredi 20 décembre 2024 devant le Conseil de sécurité de l'ONU, la diplomate américaine regrette que certains membres du conseil n'aient pas voulu inclure des formulations décrivant ce rôle, considérant que cela constitue un manque à appeler les choses par leurs noms. À l'en croire, "en refusant d'appeler un chat, un chat, nous ne rendons pas service à l'humanité".
"Nous remercions la France et le Mozambique pour les efforts qu'ils ont déployés dans ce sens. Cette résolution soutient la demande de la RDC qui a demandé à bénéficier d'une approche plus souple et plus graduelle dans le retrait de la Monusco, nous espérons pouvoir justement examiner les plans qui sont déjà échafaudés pour ce faire, une fois qu'ils seront arrêtés par la RDC, la Monusco telle que l'appelle le projet de résolution favorable au renouvellement du mandat de la Monusco, c'est vrai Cependant nous sommes très déçu de constater que certains membres du Conseil n'ont pas voulu inclure des formulations décrivant le rôle dû au Rwanda dans l'EST de la RDC", a déploré Linda Thomas-Greenfield, diplomate américaine et Ambassadrice des États-Unis auprès des Nations-Unies lors de sa prise de parole.
Pour illustrer le rôle ou l'influence Rwandaise dans les actions du M23, la diplomate américaine a évoqué une fois de plus un rapport du groupe d'experts de l'ONU qui démontre l'arrivée de 3000 à 4000 éléments de l'armée Rwandaise aux côtés des rebelles du M23.
"Au cours de la semaine qui vient de s'écouler le groupe d'experts a documenté de manière méticuleuse le déploiement des 3.000 à 4000 soldats Rwandais sur le territoire de la RDC dans l'est de la RDC et l'incidence que le Rwanda a eu sur les actions du M23, on utilise des euphémismes plutôt que d'appeler un chat un chat. En effet, nous devons prendre acte de la situation sur le terrain. Effet, en refusant d'appeler un chat un chat nous ne rendons pas service à la Monusco et aux services à travers de l'humanitaire qui sont menacés par le brouillage du signal GPS, le déploiement d'équipements sophistiqués dans l'Est de la RDC par le Rwanda.En outre, nous ne rendons pas service également aux milliers de civils qui sont menacés par ces activités. Le monde attend du Conseil de sécurité de décrire les choses telles qu'elles sont notamment lorsque ces éléments sont une menace pour la paix et la sécurité internationale", a interpellé Linda Thomas-Greenfield, diplomate américaine et Ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté vendredi 20 décembre 2024 à l'unanimité le renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo pour une année supplémentaire jusqu'en décembre 2025. Dans son intervention vendredi 09 décembre 2024 à la 9804ème Séance du Conseil de Sécurité axée sur la situation de la RDC, la ministre des Affaires Étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner a exprimé les attentes du pays par rapport à ce que doit être le prochain mandat de la Monusco sur le territoire congolais.
Ce nouveau mandat est particulier car prolonge le séjour de la mission Onusienne en RDC alors qu’elle avait déjà enclenché un désengagement sur le terrain, notamment au Sud-Kivu après une vingtaine d'années de présence. Mais la situation sécuritaire n’est pas encore rassurante, particulièrement dans l’est où la rébellion du M23 occupe de vastes zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi, Lubero et Walikale.
Le M23 soutenu par le Rwanda et ses activités ont aggravé la crise humanitaire jetant plus de 2 millions de personnes dans la rue. Pour une Monusco efficace, Kinshasa souhaitait que le nouveau mandat de la Monusco prenne en compte les dimensions régionales pour faire face à la guerre.
Clément Muamba