Abordé précédemment dans des salons socio-politiques congolais, désormais le débat sur la révision ou le changement de la constitution commence à prendre corps au sein des institutions de la République Démocratique du Congo. Si elle a été déjà abordée dans le discours sur l'état de la nation du Chef de l'État Félix Tshisekedi, la question est revenue une nouvelle fois lors de la clôture de la session ordinaire de septembre au niveau du Sénat.
La chambre haute du parlement par le biais de son président Sama Lukonde se dit ouverte au débat sur l'avenir de la constitution.
"A ce stade de mon allocution, qu’il me soit permis d’aborder la question d’actualité, à savoir celle de la mise en place d’un cadre de réflexion sur la Constitution, telle qu’annoncée par le Président de la République, Chef de l’Etat. Le Sénat, en tant qu’organe représentatif, reste ouvert au débat. Toutefois, après la clarté de la question, à la suite du discours du Président de la République, sur l’état de la Nation, tout autre commentaire devient inopportun", a indiqué Sama Lukonde.
Bien avant le Sénat, un autre chef d'une grande institution du pays à savoir l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe a affirmé lundi 09 décembre dernier après un long entretien avec le président Félix Tshisekedi, que la réforme constitutionnelle ne devait pas être considérée comme un tabou. Lors de cette rencontre qualifiée de “riche et fructueuse”, Kamerhe a toutefois appelé au calme et à un dialogue constructif. “Certains préfèrent réfléchir à haute voix, d’autres à voix basse. L’essentiel est de garantir un processus inclusif et respectueux de la légalité constitutionnelle”, a expliqué le speaker de la chambre basse du parlement.
“La révision constitutionnelle est une question prévue dans notre Constitution. L’article 218 en détaille les modalités, notamment les acteurs habilités à initier ce processus : le président, le gouvernement en conseil des ministres, chacune des chambres du Parlement ou encore une pétition signée par 100 000 citoyens”, a déclaré Kamerhe. “Alors où est le péché ? Nous sommes dans la légalité constitutionnelle”, a-t-il ajouté.
Le débat sur la réforme ou le changement de la Constitution continue de polariser la classe politique et la société civile en RDC. Si le parti au pouvoir, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), soutient qu’un changement de la Constitution est nécessaire pour répondre aux aspirations du peuple, l’opposition y voit une tentative de manipulation des institutions démocratiques.
Plusieurs figures politiques, dont Moïse Katumbi et Martin Fayulu et d'autres ont exprimé leur désaccord avec cette initiative. Ils ont promis de tout mettre en œuvre pour empêcher le régime Tshisekedi de changer la constitution pour se maintenir le plus longtemps au pouvoir.
Clément Muamba