Rencontre avec une ranger congolaise qui a dédié sa vie à la protection de la faune et de la flore

Photo/ Droits tiers
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63 nouveaux rangers dont 10 femmes et 4 pygmées ont rejoint le 02 mai la réserve des faune à Okapi. La cérémonie officielle de prestation de serment a eu lieu à Mambasa en Ituri. Le Desk Femme d'Actualité.cd s'est entretenu avec Anuarite Kabuo Bienheureuse, écogarde congolaise. Elle revient sur leurs missions et engagements en faveur de la nature.

Madame Anuarite Kabuo, qu'est-ce qui vous a motivé à devenir garde forestière ?

Anuarite Kabuo : Ma passion pour la nature est née de l'attachement qu'a ma famille paternelle à la conservation. Enfant, je me disais que je dois servir mon pays en portant une arme à feu. Lorsque j'ai compris l'importance de la biodiversité, j'ai aimé et me suis engagée à travailler pour la conservation de la nature.

Quelle formation avez-vous suivie pour devenir garde forestière ?

Anuarite Kabuo : j'ai été recrutée et sélectionnée pour passer un concours national d'agent technique de l'environnement. Puis j'ai suivi une formation de base pour les Rangers (formation paramilitaire).

Quelles sont les compétences et les qualités essentielles pour réussir dans ce métier ?

Anuarite Kabuo : Il faut être un amoureux de la nature et un défenseur de l'environnement. Être courageux, intègre, avoir du respect, être discipliné, loyal et avoir un engagement dévoué et le sens aigu de l'observation.

Pouvez-vous nous décrire une journée typique de travail en tant que garde forestière ?

Anuarite Kabuo : on commence généralement par des réunions avec différents départements, les informations sur la sécurité, la météo, on passe au suivi des équipes sur terrain, des briefings et différentes missions routines.

Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontée dans votre travail en tant que femme ?

Anuarite Kabuo : le seul défi majeur auquel on fait face est la non considération des efforts fournis par les femmes, qui s'apparente à une sorte de négligence.

Avez-vous vécu des expériences marquantes ou dangereuses en tant que garde forestière ?

Anuarite Kabuo : les expériences marquantes ou dangereuses sont plus souvent liées aux attaques des braconniers, à la chute d'un tronc d'arbre pendant la patrouille, aux tirs croisés des mouvements insurrectionnels.

Quelles sont vos principales missions et responsabilités en tant que garde forestière ?

Anuarite Kabuo : les missions principales sont la protection de la faune et flore et le maintien de la biodiversité de l'écosystème. J'effectue également la surveillance d'espaces naturels et veille à la sauvegarde du patrimoine naturel selon les directives institutionnelles, la réglementation environnementale (loi de protection du littoral, etc.) et les règles de sécurité.

Comment contribuez-vous à la protection de l'environnement et à la conservation de la biodiversité ?

Anuarite Kabuo : En tant que Rangers, nous contribuons à la protection de l'environnement et à la conservation de la biodiversité de plusieurs manières, notamment en surveillant les écosystèmes, en luttant contre le braconnage, en sensibilisant le public aux enjeux environnementaux et en menant des programmes de recherche et de conservation. Nous travaillons également à la restauration des habitats naturels et à la gestion durable des ressources naturelles pour préserver la diversité biologique de notre planète.

Comment sensibilisez-vous le public à l'importance de la forêt et de sa protection ?

Anuarite Kabuo : nous le faisons par (i) l'éducation environnementale : nous organisons des programmes éducatifs dans les écoles, les communautés locales et les centres de visiteurs des parcs nationaux pour informer les gens sur les écosystèmes forestiers, la biodiversité et les menaces qui pèsent sur eux.

(ii) par l'organisation des visites guidées dans les forêts et les parcs naturels, où nous expliquons l'importance des écosystèmes forestiers, la diversité des espèces qui y vivent et les actions que chacun peut entreprendre pour les protéger.

(III) par les médias, l'organisation des événements communautaires et des ateliers pour sensibiliser le public aux problèmes de déforestation, de changement climatique et de conservation des forêts.

(IV) par le volontariat et la participation : nous encourageons les gens à s'impliquer dans des projets de conservation forestière en tant que bénévoles, en participant à des activités de plantation d'arbres, de nettoyage des déchets ou de surveillance de la faune et de la flore.

(v) par des partenariats avec les entreprises et associations pour promouvoir des pratiques commerciales durables, telles que l'approvisionnement en bois certifié, la réduction de l'empreinte carbone et le soutien financier aux projets de conservation forestière.

Selon vous, Quels sont les principaux enjeux auxquels les forêts sont confrontées aujourd'hui ?

Anuarite Kabuo : les forêts du monde entier sont confrontées à plusieurs enjeux majeurs aujourd'hui, notamment la déforestation, le changement climatique, la dégradation des habitats, les espèces envahissantes, la pression anthropique : la surpopulation, l'exploitation des ressources naturelles, le tourisme non réglementé et d'autres activités humaines qui mettent une pression croissante sur les forêts, compromettant leur capacité à fournir des services écosystémiques vitaux.

Pour faire face à ces défis, nous préconisons une gestion forestière durable, la protection des zones naturelles, la restauration des habitats dégradés et la sensibilisation du public sur l'importance de la biodiversité.

Que pensez-vous de l'avenir des métiers liés à la forêt en RDC ?

Anuarite Kabuo : ce sont des métiers difficiles en RDC, au regard de l'insécurité avec la présence des groupes armés ou des mouvements insurrectionnels dans les aires protégées, à la recherche des minerais. Et pour protéger tous ces animaux, il faut beaucoup de courage et de sacrifices.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles qui envisagent de devenir garde forestière ?

Anuarite Kabuo : ils doivent apprendre à respecter les principes de la conservation et le droit de l'Homme et être soi dans l'exercice du métier.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka