RDC: L’espace Katanga face à des élections polarisées et des tensions intercommunautaires

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Luttons tous contre les discours de haine

Les récentes élections dans le Katanga, une région riche en minéraux et cruciale pour la RDC, ont mis en lumière des clivages profonds, exacerbés par des discours identitaires et des enjeux économiques considérables, révèle une note d'analyse publiée mardi par l'Institut Ebuteli, l’institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, basé à Kinshasa et à Goma. La présidentielle du 20 décembre 2023 a vu une polarisation électorale notable dans l'ex-province du Katanga, maintenant divisée en quatre provinces. Félix Tshisekedi, malgré une victoire nationale avec 73,46 % des suffrages, n'a recueilli que 39,4 % des voix dans la région, contre 60,53 % pour Moïse Katumbi, soulignant une nette préférence régionale. 

Cet écart reflète non seulement des différences politiques mais aussi des tensions historiques, notamment entre les communautés katangaise et kasaïenne, ainsi que des aspirations régionales autonomistes renforcées par la richesse minérale de la région. Selon l'analyse d'Ebuteli, les tensions pourraient s'intensifier avec la formation du nouveau gouvernement, la nomination de mandataires dans les entreprises publiques et les élections des gouverneurs. La situation est d'autant plus précaire que les discours populistes et identitaires ont alimenté une méfiance mutuelle entre les communautés, avec des incidents de violence rapportés entre les partisans des différents partis politiques. La campagne électorale a été marquée par une rhétorique divisant les candidats entre "gardiens de l'intégrité territoriale" et "étrangers ou soutenus par des étrangers", ciblant particulièrement Katumbi en raison de ses origines et relations familiales. 

De même, des discours tribalistes anti-Kasaïens ont circulé sur les réseaux sociaux, exacerbant les tensions. Le Katanga, avec son importance économique et politique, est à la croisée des chemins. Les dynamiques électorales ont réaligné certaines allégeances politiques mais ont aussi mis en évidence les défis de cohabitation et de gestion des richesses de la région. Tshisekedi, avec une marge de manœuvre accrue pour son second mandat, devra naviguer entre ces tensions internes pour assurer la stabilité et le développement de cette région clé. La situation reste volatile, et les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si les tensions actuelles peuvent être apaisées ou si elles risquent de s'enflammer en une crise plus large, menaçant la cohésion sociale et le progrès économique dans le Katanga et au-delà.

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