RDC-Rwanda : avancées sécuritaires sur le papier, blocages persistants sur le cadre économique régional

Massad Boulos et Donald trump
Massad Boulos et Donald trump

Le processus de paix entre la RDC et le Rwanda, lancé le 27 juin à Washington sous l’égide des États-Unis, reste marqué par de fortes tensions et des retards, malgré des annonces répétées et l’implication de plusieurs médiateurs internationaux.

Le 27 juin, un accord de principe avait été signé à la Maison Blanche par les ministres des Affaires étrangères congolais, Thérèse Kayikwamba Wagner, et rwandais, Olivier Nduhungirehe, en présence du président américain Donald Trump. Washington avait présenté ce texte comme une étape décisive pour mettre fin à trois décennies de violences dans l’est de la RDC.

Les 17 et 18 septembre, une réunion à Washington a permis aux délégations congolaise et rwandaise, avec leurs partenaires américains, qatariens et de l’Union africaine, de convenir d’un « ordre opérationnel » pour lancer le volet sécuritaire de l’accord. Ce plan prévoit notamment la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et la levée progressive des mesures « défensives » du Rwanda, que Kinshasa assimile à la présence de troupes rwandaises sur son sol.

Le 22 septembre, l’AFC/M23 a pris le contrôle de Nzibira, une localité minière du Sud-Kivu. Ce qui confirme la persistance des affrontements malgré la diplomatie en cours.

Le 23 septembre, Donald Trump, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, a affirmé avoir mis fin à « sept guerres en sept mois », citant notamment le conflit entre la RDC et le Rwanda. Le 24 septembre, le mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (JSCM), issu du processus de Washington, a annoncé que la mise en œuvre du « concept des opérations » débuterait le 1er octobre.

Le 27 septembre, Massad Boulos, conseiller Afrique de la Maison Blanche, a estimé que les négociations de Doha entre Kinshasa et le M23, suspendues depuis août, constituaient « la dernière pièce du puzzle » du processus de paix, annonçant leur reprise pour la semaine du 6 octobre.

Mais les divergences persistent. Selon un compte rendu interne, les parties restent divisées sur la nature de l’AFC/M23, les liens de Kigali avec ce mouvement et le nombre exact de combattants des FDLR. Kinshasa demande une action conjointe, tandis que Kigali renvoie la responsabilité de la neutralisation des FDLR aux autorités congolaises.

En parallèle, Washington pousse à la conclusion d’un cadre d’intégration économique régionale associant la RDC et le Rwanda. Mais le 3 octobre, Bloomberg a rapporté que Kinshasa avait refusé de parapher le texte, malgré un consensus technique sur le partage des revenus miniers, des infrastructures et un projet hydroélectrique de 760 millions de dollars. La partie congolaise conditionne tout accord économique à des avancées sécuritaires concrètes.

Des opérations conjointes contre les FDLR et un retrait progressif des troupes rwandaises sont attendus entre le 21 et le 31 octobre, selon des sources proches du dossier. Une signature solennelle à la Maison Blanche, réunissant Félix Tshisekedi et Paul Kagame, est envisagée en décembre, mais aucune date n’a encore été fixée.

En attendant, les combats se poursuivent dans le Nord et le Sud-Kivu. Ce qui met à l’épreuve la crédibilité du processus diplomatique.