Depuis l’annonce du gouvernement congolais visant à renforcer l’usage du franc congolais dans les transactions quotidiennes, le débat sur la dé-dollarisation ne cesse de susciter des réactions. Dans les rues animées de la capitale, les femmes, principales gestionnaires du foyer et du panier de la ménagère, expriment leurs inquiétudes, mais aussi leurs attentes.
Lors d’un micro-trottoir réalisé ce mercredi 1 octobre, dans différents quartiers de Kinshasa, plusieurs femmes ont partagé leur expérience.
Clémentine N'leba, vendeuse des babouches au marché Gambela, constate une hausse des prix : « Avant, je payais mes marchandises en dollars et revendais en francs congolais. Aujourd’hui, tout se calcule en franc. Mais le problème, c’est que les prix augmentent presque chaque jour. Avec la dé-dollarisation, on espérait plus de stabilité, mais pour le moment, la dépense est devenue plus lourde. »
Mado Nstila, mère de cinq enfants à Kasavubu, souligne la difficulté de planifier les dépenses : « Quand je vais au marché, le panier coûte plus cher qu’il y a quelques semaines. Le manioc, l’huile, le poisson … tout a presque doublé. Le franc congolais ne garde pas sa valeur, et nous, les mamans, on est obligées de réduire les portions. La dé-dollarisation devait aider, mais on ne voit pas la différence. »
Chantal Iyendo, institutrice à Limete, estime que la mesure pourrait être bénéfique à long terme, mais demande des actions rapides : « c’est une bonne chose de valoriser notre monnaie nationale, mais il faut accompagner cela par des contrôles sur les prix. Sinon, on ne s’en sort pas.»
Josiane Ndaya, commerçante de friperie à Matete, exprime son incertitude : « les clients viennent avec des francs, mais mes fournisseurs me réclament encore des dollars. Je suis obligée de courir pour trouver des billets verts, souvent à un taux très élevé. Résultat : je vends plus cher et les clientes se plaignent. »
Suzanne, ménagère rencontrée à Bandalungwa, résume la situation avec amertume : « nous comprenons que le pays veuille protéger sa monnaie, mais le quotidien est devenu insupportable. Un panier qui coûtait 50.000 FC il y a quelques semaines coûte aujourd’hui près de 80.000 FC. Comment une maman peut nourrir ses enfants dans ces conditions ? »
Entre espoir et désillusion, les voix recueillies traduisent une même réalité : l’impact direct de la dé-dollarisation sur la vie quotidienne des ménages kinois. Si l’initiative gouvernementale est perçue comme nécessaire pour renforcer le franc congolais, son succès dépendra surtout de la stabilité des prix et du pouvoir d’achat des citoyens.
Nancy Clémence Tshimueneka