La République démocratique du Congo a refusé de signer à la dernière minute un accord économique conclu avec le Rwanda sous médiation américaine, malgré plusieurs jours de négociations à Washington qui avaient permis d’aboutir à un texte commun, a déclaré le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe.
Selon le chef de la diplomatie rwandaise, les deux délégations « étaient prêtes à parapher le document le lendemain matin », mais « le président Tshisekedi a instruit, à la dernière minute, sa délégation de ne pas le signer, craignant la réaction négative de son opinion publique interne ».
Le texte, appelé Cadre d’intégration économique régionale (CIER), avait pour objectif de jeter les bases d’une coopération renforcée dans plusieurs secteurs : exploitation minière, infrastructures, énergie, développement industriel, industrie agroalimentaire, santé publique et tourisme transfrontalier. Il s’inscrivait dans la continuité de la Déclaration de principes signée le 25 avril 2025 à Washington par les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais, et dans le prolongement de l’accord de paix conclu le 27 juin 2025 à la Maison-Blanche.
Olivier Nduhungirehe a rejeté les arguments selon lesquels Kinshasa aurait conditionné la signature de l’accord économique au retrait préalable de 90 % des troupes rwandaises de l’est de la RDC. « Cette condition est un prétexte médiatique ridicule, jamais invoqué par la délégation congolaise lors des négociations », a-t-il déclaré, soulignant que les questions sécuritaires relevaient exclusivement du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (MCCS).
Ce mécanisme s’était réuni à Washington les 17 et 18 septembre 2025, adoptant un plan opérationnel (CONOPS) sur la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et la levée des mesures défensives du Rwanda. Le communiqué du Département d’État américain publié à l’issue de ces discussions ne faisait pas mention de conditions préalables posées par Kinshasa.
Le ministre rwandais a par ailleurs rappelé que ce n’était pas la première fois que la RDC bloquait une avancée en cours de négociation. « Le 14 septembre 2024 à Luanda, en Angola, alors que la délégation militaire de la RDC avait déjà approuvé le plan harmonisé pour la neutralisation des FDLR et la levée des mesures défensives du Rwanda, le président Tshisekedi a soudainement changé d’avis et ordonné à sa ministre des Affaires étrangères de ne pas signer », a-t-il affirmé.
Pour l’heure, Kinshasa n’a pas réagi publiquement à ces accusations.
Le CIER, présenté comme une plateforme dynamique de coopération, visait notamment à formaliser l’exploitation minière artisanale, renforcer la transparence et la traçabilité des minerais, développer des infrastructures régionales (notamment dans le cadre du corridor de Lobito soutenu par les États-Unis), accroître les capacités de production et de transformation des minerais, et promouvoir des initiatives conjointes dans les secteurs de l’énergie, de la santé publique et du tourisme.
Il devait constituer le volet économique du processus de paix lancé le 27 juin 2025 par Washington, aux côtés des engagements sécuritaires discutés dans le cadre du MCCS.