RDC : . Aucun candidat n'a proposé de réformes de fond, même Félix Tshisekedi n'a pas défendu son bilan en proposant des réformes (Florimond Muteba/Odep)

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Katumbi en meeting à Kinshasa

Malgré le désistement de certains candidats en faveur d'autres après la décision de la Cour constitutionnelle, la Commission Électorale Nationale Indépendante a définitivement retenu 26 candidats à la présidence de la République, dont 24 hommes et 2 femmes. En pleine publication des résultats partiels par la Commission électorale, Florimont Muteba, président du conseil d’administration de l’Observatoire des dépenses publiques (ODEP), a commenté les profils des différents candidats destinés à diriger la République Démocratique du Congo pour les cinq prochaines années.

Au micro d'ACTUALITE.CD lors de l'émission "Transparence" du jeudi 28 décembre 2023, Florimont Muteba a relevé que plusieurs candidats ne possédaient pas les qualifications nécessaires pour briguer la magistrature suprême. Selon lui, ils participent davantage par volonté de tenter leur chance, comme cela a été le cas ces dernières années.

"Il est évident que beaucoup ne sont pas qualifiés. Depuis l'accession au pouvoir de Joseph Kabila Kabange, puis de Félix-Antoine Tshisekedi à la présidence, les gens pensent que tout le monde peut se lancer, mais ce n’est pas le cas ! Être président de la République requiert une grande responsabilité. Vous voyez aujourd'hui n'importe qui, un petit commerçant, un dirigeant d'une petite ONG sans envergure, se présenter à la présidence. Quelle expérience de vie permet à ces personnes d'affirmer qu’elles pourraient assumer de telles responsabilités ? C’est pourquoi l'organisation en général et la gestion des élections ont été désastreuses au cours des 5 dernières années. Aujourd'hui, n'importe qui peut se présenter à la présidence ; soyons sérieux", a analysé Florimont Muteba lors de son intervention.

En plus des profils des candidats, Florimont Muteba a regretté l'absence de débats sur les questions réelles concernant la vie nationale d'un État. Pour lui, plusieurs projets de gouvernance ne reflètent pas la réalité des vies des Congolais.

"Pour être président de la République, on doit conduire la nation vers le développement, le progrès social, l'émergence. Mais avez-vous entendu parler d’un débat sur l'éducation ? Nous avons entendu parler de la gratuité, mais elle est un échec aujourd'hui, simplement de la propagande. La gratuité est une mesure, mais pas une politique publique. L'école coloniale avait pour but de former des partisans du système colonial pour l'enrichissement de la Belgique, mais quelle est la vocation de l'école actuelle ? Elle doit former des Congolais capables de s'autonomiser et de contribuer au développement de leur pays", a remarqué Florimont Muteba.

Il a poursuivi en mentionnant : "Même en matière de politique de défense, un pays doit se protéger, mais avez-vous entendu parler de cela ? Le développement des entreprises au Congo pour contrer cet engouement vers la politique politicienne des 100 000 candidats ? Rien n'a été mentionné. La réduction des dépenses de l'État pour économiser des ressources afin de mieux rémunérer les autres, la justice distributive, la politique salariale pour les fonctionnaires, etc. Aucun candidat n'a abordé ces sujets. Ils étaient simplement là pour dire ‘Retire-toi, Félix Tshisekedi, pour que nous prenions ta place’. Aucun n'a proposé de réformes de fond, même Félix Tshisekedi n'a pas défendu son bilan en proposant des réformes."

Malgré les constats de cet acteur de la société civile spécialisé dans les questions économiques et financières, certains candidats présidentiels ont dévoilé leurs projets de gouvernance pendant la campagne électorale. Félix Tshisekedi s'est fixé comme objectif de bâtir un « Congo uni, sécurisé et prospère à l’horizon 2028 ». Il vise un second mandat afin de « consolider les acquis » de son premier mandat. Delly Sesanga, président du parti Envol et candidat, a proposé la "Refondation du Congo" et a annoncé qu'une fois élu, il mobiliserait 110 milliards de dollars de recettes à la suite de réformes entreprises. Martin Fayulu Madidi, Dénis Mukwege Mukengere et d'autres ont également présenté leurs projets de gouvernance.

Clément MUAMBA