La décision du gouvernement congolais de maintenir les élèves filles enceintes dans le système scolaire continue de faire réagir la société civile. Parmi les voix qui s’élèvent en faveur de cette mesure, celle de Grâce Shako, coordinatrice de l’ONG Leadership des Femmes de Médias (LFM), se distingue par une prise de position argumentée en faveur de l’inclusion scolaire.
Dans une déclaration rendue publique ce jeudi 17 juillet, elle souligne que permettre aux adolescentes enceintes de poursuivre leurs études relève d’un impératif de justice sociale et d’équité. « L’école doit être un droit, pas un privilège soumis à la morale, à la religion ou à la honte sociale », affirme-t-elle.
Elle rappelle que de nombreuses jeunes filles tombent enceintes chaque année en République démocratique du Congo, que ce soit à Kinshasa, Lubumbashi ou ailleurs, indépendamment de leur présence ou non à l’école. Pour cette militante engagée dans la défense des droits des femmes et des filles, l’exclusion scolaire ne protège ni les élèves ni les valeurs éducatives : « Ce n’est pas une grossesse qui va influencer ou contaminer les autres. On n’attrape pas une grossesse comme on attrape un rhume », déclare-t-elle.
Pour Grâce Shako, la priorité doit être donnée à l’accompagnement, à la prévention et au dialogue, tant au sein des familles que dans les communautés religieuses et la société en général. À ses yeux, la solution ne réside pas dans la stigmatisation, mais dans la responsabilisation collective.
Elle insiste également sur le rôle de l’école, qu’elle distingue clairement de celui des structures familiales ou religieuses : « L’école, c’est 80 % d’instruction, 20 % de morale. Ce sont les familles et les églises qui éduquent aux valeurs », souligne-t-elle.
L’État face à son devoir d’équité
La militante rappelle que l’État, en tant qu’institution, a une obligation de neutralité et d’équité. Elle s’appuie sur la définition même de l’équité : « traiter chacun selon ses besoins pour lui donner les mêmes chances de réussir », pour justifier l’importance de laisser chaque fille, sans distinction, accéder à l’éducation.
Elle précise toutefois que les familles restent libres de leurs choix : « Si un parent estime que sa fille ne peut pas aller à l’école enceinte, libre à lui. Mais l’État, lui, doit garantir cette possibilité. »
Grâce Shako conclut que l’éducation ne doit pas juger, mais instruire. Pour elle, une fille enceinte reste avant tout une élève et une citoyenne. « Elle a le droit d’apprendre, de grandir, de rêver », affirme-t-elle.
En soutenant la décision du gouvernement, la coordinatrice de LFM réaffirme son engagement pour une école inclusive, reflet d’un système éducatif équitable, ancré dans la réalité sociale du pays et tourné vers l’avenir.
Nancy Clémence Tshimueneka