La situation sanitaire en République démocratique du Congo demeure préoccupante, en particulier à Kinshasa, où le choléra refait surface. En trois semaines, environ 320 cas ont été enregistrés, une crise qui s’ajoute à celle de l’épidémie de Mpox, toujours non éradiquée. Selon les chiffres officiels, ce fléau sanitaire est présent dans 25 des 35 zones de santé de la capitale, en raison notamment des inondations causées par les récentes pluies.
Face à cette situation alarmante, les Kinois vivent dans l’angoisse, notamment à cause du manque d’assainissement dans cette mégapole.
« Ma plus grande inquiétude, c’est que Kinshasa est une capitale surpeuplée. Nous sommes pendant la saison sèche, et durant cette période, beaucoup d’enfants tombent malades à cause des nombreuses bactéries qui se propagent par la poussière, car la ville n’est pas bien assainie », confie Tina Baka, mère de famille vivant à Matete.
Et d’ajouter :
« Voilà pourquoi nous, parents, devons inculquer aux enfants l’importance du lavage régulier des mains. Dès que je remarque des symptômes de l’une de ces deux épidémies, je cours à l’hôpital ».
D’autres habitants appellent à une responsabilité collective, au-delà des autorités locales.
« Cette responsabilité ne revient pas seulement aux autorités urbaines. Elle doit aussi être individuelle. Chacun a un rôle à jouer. Personnellement, je prends déjà des précautions : quand je rentre à la maison après une longue journée, je prends soin de me laver. Depuis que j’ai vu de mes propres yeux une personne atteinte du choléra, et que le ministre de la Santé a alerté la population kinoise sur ces épidémies, je me suis adaptée. J’invite la population à faire de même, car la santé n’a pas de prix », souligne Dignité, habitante de la commune de Kalamu.
Les autorités urbaines ont mis en place un programme de riposte contre le choléra et le Mpox, avec des centres de prise en charge, notamment au camp Kokolo. Des progrès ont été notés, mais la réponse reste limitée. La couverture sanitaire est insuffisante face au nombre élevé de cas enregistrés, et l’offre de soins demeure peu structurée et disponible en quantité insuffisante.
En effet, selon l’OMS, 88 % des cas de choléra dans les zones urbaines africaines sont liés à l’absence d’accès à l’eau potable et à des installations sanitaires adéquates. Pour Sharon Biangula, médecin et spécialiste en santé publique, il serait raisonnable de garantir l’accès à l’eau potable et d’assainir la ville pour mieux se protéger contre ces deux épidémies. Il insiste également sur la nécessité de mettre en place un système solide.
« Il est essentiel de renforcer et de structurer le système de surveillance épidémiologique en RDC. Cela passe par la décentralisation des structures de prise en charge afin d’assurer une réponse rapide et efficace, même dans les zones les plus reculées », a-t-il recommandé.
Et d’ajouter :
« La vaccination reste l’arme la plus efficace, car elle constitue la meilleure prévention contre ces deux épidémies. Il faudrait donc mettre en place un plan de vaccination préventif et annuel, intégré au Programme élargi de vaccination (PEV) en RDC ».
Il précise aussi qu’il est indispensable, pour gérer les zones à risque, de sensibiliser la population à l’existence de ces deux épidémies, en impliquant des leaders d’opinion.
Lors de la dernière réunion du conseil des ministres, le ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévoyance sociale Samuel Roger Kamba a indiqué que la situation sanitaire est demeurée "inquiétante" au cours de la semaine avec une létalité de 4,6% au pays et toujours autour de 4% à Kinshasa. Le cumul du taux de létalité de la première semaine à la 27e semaine est de 2.1% sur l'ensemble du pays.
En ce qui concerne le Mpox, le ministre de Samuel Roger Kamba a fait savoir que contrairement aux données de la 26e session, la tendance à la 27e semaine épidémiologique est marquée par une augmentation des cas suspects passant de 313 à 529.
Gloria Kisenda (Stagiaire)