Élections au Nord-Kivu: toujours pas de vote dans cinq sites de Bapere, des jeunes manifestent et crient à un complot

Un centre de vote à Kindu
Un centre de vote à Kindu

La tension est perceptible à Manguredjipa, chef-lieu du secteur des Bapere (Nord-Kivu). Des habitants manifestent en brûlant des pneus pour exiger la tenue des élections dans cinq sites de vote qui n'ont, jusque ce vendredi 22 décembre, toujours pas reçu des kits électoraux et le personnel de la CENI, alors que la centrale électorale s'apprête à clôturer le vote. Il s'agit des sites de Isange, Bobhodea, Mabuo, Lomo et Lenda où plus de 17 milles électeurs attendent toujours les kits électoraux, notamment des Dispositifs électroniques de vote (DEV), des bulletins, des isoloirs et urnes qui traînent encore à Manguredjipa, chef-lieu du secteur faute d'un hélicoptère pouvant les acheminer dans ces cinq carrés miniers accessibles seulement à pieds, à deux jours de marche. Même les agents électoraux sont bloqués à Manguredjipa faute de moyens de transport.

Le chef du secteur des Bapere qui livre la nouvelle à ACTUALITE.CD révèle que l'hélicoptère dépêché par la CENI-Nord-Kivu mercredi 20 décembre a pu retourner à Goma faute des coordonnées GPS pouvant les aider à localiser ces sites de vote. Pour ne plus revenir. Des habitants crient au complot.

"La grande partie du secteur n'a pas voté à cause du non déploiement des matériels et du personnel dans les sites de vote de Mabuo, Isange, Lenda etc. Il y a cinq centres qui représentent 17 bureaux de vote avec une population de plus de 17 000 personnes privées de leur droit de vote. La Ceni a dépêché un hélicoptère à 14h du mercredi pour venir transporter les matériels et les personnels et les acheminer dans ces sites. Quand ils sont atterris, ils ont demandé les coordonnées GPS de ces sites. On en avait pas. Ils sont retournés à Goma avec la promesse de revenir le lendemain matin une fois nous aurions les coordonnées GPS. Malheureusement ils ne sont plus revenus, et les matériels, et le personnel de la CENI sont encore ici à Manguredjipa et les gens attendent voter", rapporte M. Paluku Maker, chef de secteur des Bapere. 

Ce qui trouble les habitants est que dans d'autres sites comme à Manguredjipa-centre les électeurs votent, alors que dans ces sites qui leur sont stratégiques, rien n'est envisagé. 

"Le communiqué de la CENI qui dit qu'après le 21 il n'y a plus de vote irite les gens. Les habitants l'interprètent autrement. Ils pensent que ça se fait sciemment et qu'il y a un complot pour que le secteur des Bapere ne soit pas représenté par les fils du terroir. Ça prend une allure tribale" alerte le chef de secteur qui crée que l'incident fragile la cohésion sociale dans la zone. Il plaide pour une dérogation. 

"La solution n'est pas encore trouvée. Mais ce que l'on veut est que la CENI trouve une mesure exceptionnelle, qu'elle accorde juste une journée de vote pour ces sites et autoriser que les gens puissent transporter au dos les matériels. Les gens sont prêts à le faire, à faire le pied en vue d'acheminer les matériels en destination", plaide-t-il.

Bapere est l'une des entités de Lubero, un territoire du Nord-Kivu où les élections ont connu des irrégularités suite au retard connu dans le déploiement des kits électoraux ou leur dysfonctionnement. C'est dans un autre village de ce territoire, à Bweteta, où des jeunes fatigués d'attendre voir les DEVs être déverrouillés jusqu'à 13heures ont incendiés 11 dispositifs de vote mercredi, jour prévu pour le vote.   Ces incidents sont à la base d'un faible taux de participation qui va jusqu'à moins de 40 % dans plusieurs centres, à en croire un témoin de AB/50, le regroupement de Julien Paluku qui s'est confié à ACTUALITE.CD.


Claude Sengenya